Mort de l'acteur et réalisateur Daniel Duval

Touwensa (Agences). Mokhtar TRIKI

Il faisait partie des acteurs familiers du cinéma français, de ces seconds couteaux immédiatement identifiables qui font tourner et aimer la machine. Daniel Duval est mort, jeudi 10 octobre, à l'âge de 68 ans des suites d'une longue maladie, selon l'expression consacrée.

Né à Vitry sur Seine en 1944, ce beau brun à l'âme sombre a progressivement cédé la place, avec les années, à un homme mur doté d'une rare intensité physique, clopeur buriné à la voix grave, visage marqué par l'alcool, sveltesse nerveuse et féline. Sa seule apparition apportait à un film l'inquiétude d'une sourde violence et d'une marginalité sociale consentie.

ÉLECTRON LIBRE

Electron libre de la profession, il trace son sillon dans le cinéma d'auteur, depuis Bertrand Tavernier (Que la fête commence, 1970) jusqu'à Michael Haneke (Caché, 2005), en passant par le succès-surprise de Y aura-t-il de la neige à Noël(1996) de Sandrine Veysset, conte réaliste où il incarne une figure d'ogre paternel terrifiante, ou encore le suprêmement mélancolique Vent de la nuit (1999) de Philippe Garrel, où il campe un endeuillé en Porsche rouge qui emmène Catherine Deneuve au bout de cette longue nuit. Plus récemment, il a tenu le premier rôle du film de Julien Donada, Beau rivage (2012), œuvre au réalisme onirique dans laquelle il interprète un flic au bout du rouleau qui fait le point sur sa vie.

Sur un versant plus commercial, on le retrouve en revanche souvent dans des rôles de malfrats pur et dur, tels que ceux qu'il interprète dans certains films d'Olivier Marchal (36 Quai des orfèvres, Les Lyonnais...).

Tout ceux qui l'appréciaient comme acteur ne savaient pas nécessairement que le comédien était aussi réalisateur. Il a pourtant commencé sa carrière par là, réalisant en 1974 Le Voyage d'Amélie avec des bouts de ficelles, puis signant cinq autres longs métrages qui tous témoigneront de son goût et de sa tendresse pour les marginaux et hors-la-loi.

LA VRAIE VIE

Ses films resteront toutefois confidentiels, à l'exception de La Dérobade, adapté en 1979 de la confession de Jeanne Cordelier sur le milieu de le prostitution. Il y interprète Gérard, un proxénète pervers et violent qui met le grappin sur Marie (Miou-Miou) une fille d'ouvrier. C'est donc probablement comme acteur qu'on se souviendra le mieux de Daniel Duval, car il faisait partie de ceux dont on se disait d'emblée qu'ils avaient aussi goûté à la vraie vie avant de jouer sous les sunlights.

Intuition vérifiée par la biographie de Daniel Duval, qui aura fini par inspirer le dernier film qu'il ait réalisé pour le cinéma : Le temps des porte-plumes (2006), avec Jean-Paul Rouve et Anne Brochet. L'histoire d'un enfant retiré de chez ses parents à l'âge de 9 ans, puis placé dans un foyer d'accueil, chez un couple de paysans de l'Allier. Daniel Duval a joué sa vie durant avec cette histoire chevillée au corps.
 

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