Se laver les mains atténue le sentiment de culpabilité

L'étude a montré que les participants s'étant lavé les mains sont ceux qui ont éprouvé le plus faible sentiment de culpabilité, et se sont montrés ensuite les moins altruistes en renvoyant le moins de questionnaires.

(AFP) - Se laver les mains, ou regarder quelqu'un le faire, atténue le sentiment de culpabilité et peut conduire à des comportements moins altruistes, selon une étude menée par des chercheurs grenoblois.

L'étude, réalisée en partenariat avec l'Université de Louvain (Belgique) et l'Université d'Etat de l'Ohio, a été publiée dans la revue internationale Frontiers in Human Neuroscience le 8 février.

Soixante-cinq usagers d'une bibliothèque municipale grenobloise ont été invités à se remémorer et décrire en détail par écrit une mauvaise action commise à l'égard d'un ami proche ou d'un membre de leur famille.
Ils étaient ensuite répartis en trois groupes, l'un se lavant les mains avec une lingette, l'autre regardant une vidéo montrant quelqu'un se lavant les mains et un troisième groupe visionnant une vidéo montrant des mains en train d'écrire à un clavier d'ordinateur.

A chaque étape, le sentiment de culpabilité des participants était mesuré à travers un test.
On leur disait ensuite que l'étude était terminée mais qu'ils pouvaient aider un doctorant dans son travail en prenant des questionnaires sur les transports publics, pour les faire remplir et lui renvoyer sous trois semaines par courrier.

L'étude a montré que les participants s'étant lavé les mains sont ceux qui ont éprouvé le plus faible sentiment de culpabilité, et se sont montrés ensuite les moins altruistes en renvoyant le moins de questionnaires.
"La simple évocation du fait de se laver les mains, en voyant quelqu'un le faire sur un écran, suffit à produire cet effet", quoique de manière moins prononcée que si l'individu se lave lui-même les mains, souligne Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale à l'Université Pierre-Mendès-France de Grenoble.
A l'inverse, les participants ne s'étant pas lavé les mains et n'ayant regardé personne le faire ont éprouvé le plus fort sentiment de culpabilité et ont eu le comportement le plus altruiste.

"Quand les gens se sentent coupables de quelque chose qu'ils ont fait, ils réalisent souvent des actions +prosociales+ pour se débarrasser de leur culpabilité", expliquent les auteurs de l'étude.

En somme, "se laver les mains peut effacer la culpabilité. Malheureusement, cela réduit aussi les comportements altruistes", soulignent les chercheurs, pour qui "se laver les mains est bon pour l'hygiène mais mauvais pour les relations sociales".

Pour Laurent Bègue, ces résultats s'expliquent par "l'universalité des rituels de purification par l'eau qui lient la propreté physique à la propreté morale".

Ce laboratoire grenoblois avait obtenu en septembre à Harvard un "Ig Nobel", un prix récompensant les travaux de recherche qui "font rire puis réfléchir", pour une étude qui démontrait que boire de l'alcool fait se sentir beau.

 

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