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Touwensa (Agences).Mokhtar TRIKI
Chez certains mammifères, dont peut-être l'homme, la production de lait maternel varie selon que la mère porte une fille ou un garçon.
La nature est bien faite: le lait maternel, gratuit et produit à la demande, est, de l'avis de la communauté médicale, la meilleure alimentation pour le nouveau-né. Ce liquide, qu'on imagine donc d'une composition standard, présente en réalité des variations significatives, tant au niveau de la quantité que de sa qualité. Or le sexe du bébé venant de naître pourrait expliquer une partie de ces différences, révèlent des études récentes conduites sur les mammifères, dont l'homme.
Katie Hinde, spécialiste de l'évolution à l'université de Harvard (États-Unis), a étudié la lactation chez les macaques et, plus récemment, sur 1,5 million de vaches laitières (résultats publiés en février dans Plos One). Chez ces deux espèces, le sexe du premier petit porté par la mère modifie significativement le lait qu'il tête. Chez les vaches Holstein, les génisses induisent ainsi une production de lait un peu plus abondante que les veaux (+ 1,3 %), avec une composition en nutriments stable. Chez le singe, la naissance d'une femelle entraîne aussi une lactation plus importante et plus concentrée en calcium, alors que le lait produit pour les mâles est plus riche, ce qui aboutit in fine à une consommation équivalente de calories. Chez les deux espèces, l'effet constaté est particulièrement prononcé lorsque qu'il s'agit d'une première naissance et se maintient partiellement à la naissance du second petit, même lorsqu'il est de sexe opposé à l'aîné.
Cette programmation différenciée des glandes mammaires semblerait prendre place pendant la gestation, et non après la naissance. En observant les vaches, Katie Hinde a en effet noté que l'impact du sexe sur la lactation persistait même lorsque le petit veau était retiré à sa mère dès la naissance. Si l'on ignore encore les mécanismes responsables de cette différence, la chercheuse émet l'hypothèse que des échanges chimiques ont lieu à travers le placenta, qui est très développé à la fois chez la vache, les primates et l'homme.
Les petits garçons favorises chez l'homme
Il n'est en effet pas exclu que les hommes soient aussi concernés par ce phénomène. Les recherches sur le sujet sont néanmoins rares et contradictoires. Deux études publiées en 2011 et 2012 dans des revues scientifiques révélaient que le lait produit pour les petits garçons dans des populations du Kenya ou de Boston (est des États-Unis) est plus riche que celui destiné aux filles. Mais une troisième étude conduite aux Philippines n'a pas confirmé cette différence. En outre, seule la qualité du lait a été prise en compte, le volume de liquide ingéré par un bébé au sein étant difficile à évaluer chez l'homme.
Jointe par le Figaro, Katie Hinde estime que la recherche sur l'homme «mérite d'être explorée davantage. Cela pourrait permettre d'améliorer les recommandations officielles pour la nutrition des bébés et des prématurés, de chercher des couples «donneuses-receveur» mieux assortis lorsqu'on a recours à un don de lait maternel pour un bébé, voire, au niveau industriel, à réfléchir à des laits maternisés plus diversifiés».
Clair-Yves Boquien, scientifique spécialiste de la physiologie des adaptations nutritionnelles (INRA/CHU Nantes), salue les résultats de l'étude américaine mais se montre plus réservé quant à l'impact pour la santé humaine. «Je doute que l'on dispose avant longtemps d'une mesure assez fine des différences pour pouvoir prendre en compte le sexe du bébé dans son alimentation, estime-t-il. Ce serait jouer sur des subtilités, alors que les questions qui comptent concernant un prématuré sont avant tout son poids à la naissance, sa taille, et la vitesse à laquelle il faut réintroduire le lait dans son alimentation».
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