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Outre leur rôle bien connu dans la digestion, les bactéries intestinales influencent aussi l’activité cérébrale et l’humeur. Des chercheurs irlandais proposent d’utiliser des probiotiques dans le traitement du stress et de la dépression. Ces « psychobiotiques » ouvrent la voie vers de toutes nouvelles méthodes de traitement des maladies comportementales.
Les milliards de microbes qui colonisent notre système digestif nous sont bénéfiques à plus d’un titre : ils nous aident à bien digérer, nous épaulent en cas d’infections alimentaires et influencent le développement de certaines maladies comme l’obésité, le diabète de type 2 et les allergies. Au cours d’un traitement antibiotique, nos bactéries intestinales sont affaiblies et il n’est pas rare de souffrir de troubles digestifs. Pour lutter contre ce problème, des probiotiques sont souvent prescrits. Il s’agit en général de bactéries lactiques, hôtes naturels de l’intestin, qui ont des effets positifs sur la santé.
Le rôle de la flore intestinale ne s’arrête pas là. Des travaux de plus en plus nombreux suggèrent qu’elle influence également l’activité cérébrale et les comportements chez les animaux. Une étude de 2011 a par exemple révélé que les bactéries de la flore intestinale diminuaient l’anxiété et la dépression. Plus récemment, des chercheurs de l’University College Cork en Irlande ont montré qu’elles régulaient les taux de sérotonine et d’acide γ-aminobutyrique (Gaba), deux neurotransmetteurs intervenant dans le contrôle de l’humeur. Des souris stériles privées de ces microbes présentaient d’ailleurs des troubles de l’anxiété.
Lors d’une situation de stress ou d’un épisode dépressif, les concentrations de sérotonine et de Gaba baissent. La plupart des antidépresseurs améliore la sécrétion de ces molécules afin de rétablir les niveaux normaux et d’améliorer l’humeur des patients. L’équipe irlandaise s’est alors demandée si les microbes digestifs pouvaient remplacer les médicaments antidépresseurs, souvent associés à des effets secondaires déplaisants. En d’autres termes, pourrait-on atténuer les signes de la dépression grâce aux probiotiques ? Pour répondre à cette question, ils ont exploré la littérature scientifique des dernières années sur le sujet. Leur analyse, publiée dans la revue Biological Psychiatry, présente le concept de psychobiotiques, des probiotiques utilisés pour soigner les troubles d’ordre psychiatrique.
Une meilleure alimentation pour être moins déprimé
Leurs conclusions suggèrent que les probiotiques améliorent les troubles de l’humeur chez les animaux. Une étude montre par exemple que les souriceaux séparés de leurs mères surmontent mieux la situation si leur alimentation est complétée par certains probiotiques. Par leurs vertus anxiolytiques et antidépressives, ces microbes favorisent à la fois le comportement et la réponse immunitaire des rongeurs.
D’autres recherches se sont intéressées aux effets des probiotiques sur les troubles dépressifs et le stress chez l’Homme. Jusqu’ici, les psychobiotiques ont été principalement étudiés chez les patients atteints du syndrome du côlon irritable, une maladie intestinale souvent associée à des problèmes d’humeur. Les résultats suggèrent un effet positif de plusieurs micro-organismes, notamment Bifidobacterium infantis, dans le traitement de ces troubles. Selon les auteurs, ces bénéfices seraient dus à leur action anti-inflammatoire ainsi qu’à leur capacité à réduire l'activité de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, appelé plus communément axe du stress.
Ces résultats mettent en lumière l’influence de l’alimentation sur notre santé. En faisant attention à son hygiène de vie on pourrait limiter les risques de dépression, car le régime alimentaire influence la qualité de la flore intestinale. Cette analyse pose également la question de l’effet des antibiotiques sur notre comportement. Elle invite les médecins à être encore plus attentifs et à ne pas en prescrire abusivement.
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