TUNISIE Les sex-shops halal, un créneau porteur

Produits cosmétiques, habits islamiques ou stimulants sexuels, les marchands ambulants n'hésitent pas à proposer ces marchandises dans leurs étalages installés en face des mosquées.

A nouveau, Les marchands ambulants ont repris possession de l'hyper centre de Tunis après la dernière campagne municipale [contre les étalages dans les rues de la capitale], qui remonte à deux mois et qui a été suspendue après le décès d'un vendeur ambulant qui s'est immolé par le feu. Parapluies, cigarettes de contrebande, parfums, et faux-bijoux sont vendus à des prix imbattables, et au diable les mises en garde des services compétents contre la nocivité de tel ou tel produit.

Mais voilà qu'un nouveau produit commence à s'imposer : les stimulants sexuels ! En effet, ils sont de plus en plus nombreux à squatter les trottoirs situés en face des mosquées pour vendre tout type de stimulants sexuels. Gélules, pilules, crèmes et lotions.

La scène laisse tout de même perplexe : des hommes barbus, tous vêtus de kamis [longue chemise], qui expliquent le plus sérieusement du monde les bienfaits de tel ou tel produit. Ces mêmes vendeurs étalent des burqas [voile intégral]. Les produits faits à base de viandes de taureaux ou de serpents sont présentés en tant que produits naturels et bio.

Aphrodisiaques vendus sur la place publique

Les clients sont exclusivement des hommes. Aucune femme n'ose s'arrêter pour acheter les produits à caractère sexuel, d'autant plus qu'il n'y a pas de vendeuses pour les prendre en charge. Par contre, c'est la bousculade au rayon des cosmétiques.

Le commerce des stimulants sexuels, où ce qu'on peut appeler les "sex-shops halal" est, paraît-il, un créneau porteur. En effet, l'un des vendeurs (qui a préféré garder l'anonymat) nous a affirmé que son commerce lui rapportait entre 35 dinars et 80 dinars par jour [16 à 35 euros], ce qui lui fait un revenu mensuel qui varie entre 1 050 et 2 400 dinars [463 à 1 059 euros]. Il est donc normal que ce

phénomène se propage aussi rapidement.

Les aphrodisiaques vendus sur la place publique ne sont pas certifiés. Provenant de la contrebande et de fabrication artisanale, les produits en question peuvent causer d'énormes dommages d'ordre sanitaire. D'origine complètement inconnue, les pommades, huiles et crèmes peuvent engendrer de terribles dégâts à la peau, sans parler des comprimés à avaler.

Les contrebandiers sont des Tunisiens

Mohamed Rebhi, directeur de l'hygiène du milieu et de la promotion de l'environnement, nous a affirmé que les actions du ministère de la Santé sont très limitées : "Nous menons quelques actions de temps à autre, mais c'est insuffisant, compte tenu du nombre élevé de marchands ambulants et des risques auxquels sont exposés nos agents, ce commerce étant contrôlé en grande partie par le milieu interlope". Et d'ajouter, dans un long soupir : "L'Etat a d'autres priorités".

Selon un marchand ambulant, la plupart des produits proviennent d'Afghanistan, ce que nous avons pu remarquer sur les notices, si on peut appeler ainsi le bout de papier collé à la main sur l'emballage.

Les contrebandiers qui font les aller-retours entre la Tunisie, l'Algérie ou la Libye et l'Afghanistan pour inonder le pays de ces produits sont des Tunisiens, soutient notre interlocuteur. En effet, les produits ramenés d'Afghanistan transitent généralement par la Libye, sinon par l'Algérie. Les contrebandiers, fins connaisseurs de toutes les pistes entre ces trois pays, n'ont aucun mal à les passer.

 

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Dernière modification le mardi, 12 mai 2015 11:47