Le jour où j'ai rencontré Mandela

Claude Le Roy, nouveau sélectionneur du Congo-Brazzaville, nous raconte sa rencontre en 1996 avec Nelson Mandela. Un moment fort pour celui qui a sillonné l'Afrique à la tête de nombreuses sélections.

"Pendant longtemps, je n’ai pas pu me rendre en Afrique du Sud à cause de l’apartheid car on n’avait plus le droit de travailler dans d’autres pays d’Afrique noire si on avait un visa sud-africain sur son passeport. Puis lors de la CAN 1996, j’ai découvert l’Afrique du Sud alors que j’étais consultant pour Canal+. Issa Hayatou (président de la Confédération africaine de football, ndlr) m’avait alors très gentiment invité à un dîner en présence du président Nelson Mandela et de sa petite-fille à Johannesburg. Pour moi, c’était une fierté et surtout un privilège incroyable. Je me souviendrai toujours de ce repas et du moment où j’ai pu échanger quelques mots avec lui. Il ne me connaissait pas personnellement, même s’il aimait bien le football et même si Issa Hayatou m’avait présenté quelques minutes auparavant. Profitant de l’occasion, je lui ai alors glissé que c’était un immense honneur pour moi que de le rencontrer. En toute simplicité, il m’a répondu : « J’aime les gens qui s’occupent de la jeunesse… ». Ces quelques mots prononcés à ce moment précis, je ne les oublierai jamais. Presque 17 ans plus tard, cette phrase résonne encore en moi. Cette rencontre était d’ailleurs très forte et elle me rappelle les échanges que j’ai pu avoir avec Yasser Arafat (ancien chef d’état de l’autorité palestinienne, décédé en novembre 2004) ou Aimé Césaire (poète martiniquais disparu en avril 2008). C’est incroyable ce que le football peut permettre…"

"A Robben Island, le monde se coupait de tout"

"Mais un peu plus de dix ans plus tard, j’ai de nouveau croisé l’esprit de Madiba. C’était en juillet 2007, à Cape Town, à l’occasion d’un match de gala célébrant les 89 ans de Nelson Mandela. Pour cet événement, la Fifa m’avait nommé sélectionneur d’une équipe mondiale dans laquelle figurait Pelé, Redondo, Gullit, Karembeu ou encore Leonardo ! Pour moi, il ne pouvait pas y avoir de plus cadeau que ça… Je me souviens très bien de ce match. D’autant que le combat de Nelson Mandela m’a toujours beaucoup inspiré. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai suivi avec beaucoup d’attention l’évolution de sa santé ces derniers mois…. Mais je ne banalise pas la chance qui m’a été offerte de le rencontrer. Je ne me lasse jamais de ces bonheurs additionnés. En tant qu’homme et en tant que sélectionneur, c’est ce qui me régénère de l’intérieur. D’ailleurs je me rappelle de ces quelques jours passés au Cap. Malheureusement, Nelson Mandela était malade et sa fragilité l’avait empêchée d’assister au match. Mais pendant le séjour, j’avais été invité avec ma femme à Robben Island et je me souviens que tous ses fidèles compagnons étaient présents. On était ensemble et pendant toute une journée, ils m’avaient expliqué ce à quoi leur avait servi le football pendant leur longue incarcération à Robben Island. Grâce au sport et au foot en particulier, il avait réussi à s’évader pendant quelques minutes. Car à Robben Island, le monde se coupait de tout. C’était une drôle d’époque…"
   
S'abonner au flux Prolongations

 

•    A la Une - Prolongations - Articles

 

Évaluer cet élément
(0 Votes)