CAN 2015: Pourquoi le prochain Benzema choisira l'Algérie plutôt que la France

By www.touwensa.net janvier 27, 2015 411

Seize joueurs sur vingt-trois nés en France. Christian Gourcuff ne s’est pas gêné pour se servir dans le réservoir des binationaux français et algériens à la CAN. Le phénomène n’est pas nouveau. Il a même donné lieu à un proverbe qui fait beaucoup rire au pays: «Il vaut mieux avoir un destin comparable à celui de Zinédine Zidane avec l’équipe d’Algérie que de connaître le sort d’un Camel Meriem (3 sélections en équipe de France) avec les Bleus.» Sauf que le débauchage intensif s’est accéléré, et qu’à ce rythme, le prochain Zidane choisira les Fennecs pendant que les Bleus se contenteront des futurs Meriem. 20 Minutes vous explique pourquoi.


Parce que la Fédération algérienne s’y prend bien

«J’ai pris le guide des joueurs de L1, L2 et National, et je suis allé voir tous ceux qui avaient des racines leur permettant de jouer pour l’Algérie». Directeur sportif de la sélection algérienne en 2004, le recruteur belge Christian Pauwells raconte sans détour le démarchage assumé de la fédération algérienne,  impulsé par son président tout-puissant Mohamed Raouraoua. «Je leur disais qu’on avait des manques à certains postes et leur parlais de la CAN, de la Coupe du monde. Cela se passait très bien à chaque fois».

 

La pêche est  en effet fructueuse: Karim Ziani, Antar Yahia, Nadir Belhadj acceptent. Seul Ahmed Madouni, titulaire à Dortmund, joue la montre. «Il espérait clairement être appelé en équipe de France un jour». Pas grave, la fédération algérienne ne recule devant rien ni personne. Pas même Karim Benzema, qui déclinera poliment l’invitation. L’agent de Yassine Benzia, son successeur désigné à Lyon et en équipe de France de jeunes, a déjà reçu plusieurs coups de fil, «mais la question n’est pas à l’ordre du jour pour le moment» rétorque Djibril Niang.
 


Parce que la famille a choisi son camp

Jusque-là, le jeu de dupes était bien rôdé. Les meilleurs choisissaient les Bleus, les autres se rabattaient sur l’Algérie. Mais la donne n’est plus aussi simple. «Je suis né en banlieue parisienne, mais j'ai grandi avec une culture algérienne à la maison. Cet attachement, il s'est fait de manière très naturelle. […] Le choix de l'Algérie, c'est celui du cœur» résumait Sofiane Feghouli récemment dans L’Equipe. Comme le milieu de terrain valencian, ils sont de plus en plus nombreux à privilégier l’Algérie au nom des racines familiales.

«Si Yassine écoutait sa famille, il n’y aurait pas de débat, ce serait l’Algérie directement, reconnaît son agent. J’en ai parlé une fois avec sa maman, c’est un choix qui lui ferait plaisir». Tous ne sont pas aussi insistants que le père de Karim Ziani, qui battait lui-même le rappel des binationaux au nom de la fédération algérienne, mais Mohamed Fékir, père de, n’a pas caché «qu’il serait fier» de voir son fils porter le maillot des Fennecs. «Ils sont contents de faire la fierté de leurs parents ou de leurs grands-parents, confirme Christian Pauwells, ça compte pour eux».

 


Parce que la France laisse faire

«C'est un grave problème, on ne peut pas continuer comme ça. Il y a des joueurs qui font l'équipe de France de jeunes, qui font même parfois l'équipe de France A, puisque quand on fait un match non officiel ça ne compte pas, et qui au dernier moment choisissent leur pays d'origine. Les règles sont contre nous» s’était insurgé Laurent Blanc, quand il était encore sélectionneur des Bleus, en 2012. Pourtant, à côté du pressing tout terrain de l’Algérie, la FFF joue plutôt le VRP de Province, tellement sûr de vendre le meilleur produit qu’il oublie d’en faire la promotion. «On ne peut pas à la fois pleurer que certains talents formés en France partent jouer avec la sélection de leur pays d'origine et ne pas leur donner la possibilité de s'exprimer sous le maillot bleu» a prévenu Hubert Fournier sur le cas Fékir.

L’attaquant lyonnais a été boudé par les Espoirs lors du dernier rassemblement. Et si Fékir a peut-être été approché en sous-main par le staff des Bleus, Djibril Niang constate que la Fédération ne se préoccupe pas beaucoup du cas Benzia. «Sa priorité, c’est l’équipe de France, mais il n’a jamais eu de discussion à ce sujet avec un de ses sélectionneurs ou une personne de la Fédération française». Ce serait dommage d’avoir à le regretter.

 

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