Pour la mise en scène de ce texte, Vassart a collaboré avec Bernard Sobel. Tous deux ont eu l’idée de présenter le personnage comme un homme qui parle à voix haute en déplumant un poulet mort, tandis qu’un coq vivant tourne en rond derrière lui, dans une cage. Toni M. s’exprime en arrachant et en laissant tomber les plumes à terre. C’est de liberté qu’il rêvait. Il savait qu’il ne gagnerait pas, mais il a essayé. La somme qui a disparu, ce n’est pas lui qui l’a prise, mais un ripoux de Lyon bien connu… Jeu rude, décor rude, presque sordide, mais le texte a sa grâce – des inflexions imprévues, une langue musclée, une sensibilité masquée. Ce n’est pas anecdotique, c’est un parcours mental qui saisit des rêves et des sensations, bien au-delà de l’histoire même. Gaëtan Vassart, comme acteur, a une présence étrange et forte, une enveloppe brute qui libère des mots et des sentiments pleins de finesse. Il ne fait pas de Musulin un héros ou un salaud. Il efface quasiment Musulin lui-même pour créer un personnage plus universel, banal et noble, à aimer sans passer par les habituelles catégories morales et romanesques.
Toni M., texte et interprétation de Gaëtan Vassart, collaboration artistique de Bernard Sobel, dramaturgie de Sabrina Kouroughli, son de David Geffard.