La présentation mondiale d'un film hollywoodien au Liban? Peu habitué au strass et aux paillettes, le pays du cèdre a accueilli une de ses enfants: Salma Hayek. L'actrice y a présenté Le Prophète son film d'animation, adapté d'une célèbre œuvre écrite par le libanais Khalil Gibran. En hommage à l'écrivain, mort de la tuberculose à l'âge de 48 ans en 1931, la star a visité dimanche 26 avril le musée Gibran, dans son village natal de Bécharré où il est enterré.

L'actrice et réalisatrice mexicaine a ainsi réalisé un de ses «anciens rêves» en coproduisant ce film. Pour elle, un film d'animation transmet mieux le message du Prophète au jeune public, diffusant alors quelque chose d'universel. Par la même occasion, elle a rendu hommage à son grand-père libanais: «J'étais très jeune quand il est mort et j'ai découvert mon grand-père à travers ce livre (...) qui m'a enseigné la vie». Cela se dessine alors pour elle comme un «film personnel» car «[s]on grand-père adorait ce livre».

Pour un premier film d'animation, l'épouse de François Pinault s'attaque à un monument la littérature et de l'histoire libanaise. Le livre Le Prophète de Khalil Gibran serait le plus lu derrière la Bible. Ce recueil de poèmes en prose écrit en anglais a été publié en 1923 et traduit en plus de 40 langues. Fortement inspiré par le poète anglais William Blake, Gibran exprimait également son art dans la peinture - il avait peint Rodin entre autre.

Almoustapha - l'élu en arabe -parle aux habitants de la ville imaginaire d'Orphalese, avant de revenir dans son pays natal. De nombreux aspects de la vie y sont abordés: le mariage, le travail, l'amitié, ou la mort. Les citations sont peu à peu devenues légendaires: «Vos enfants ne sont pas vos enfants (...) ils viennent à travers vous et non de vous» ou «Quand l'amour vous fait signe, suivez le, Bien que ses voies soient dures et rudes».
 

Dix réalisateurs et neuf producteurs

Divisé en 26 textes, le livre a connu une telle popularité qu'il est souvent cité dans les mariages et les enterrements aux États-Unis. Gibran y a développé une grande partie de son œuvre, écrite en anglais comme en arabe. Il dirigeait aussi la New York Pen League, première société littéraire arabo-américaine. Salma Hayek a affirmé: «Nous voulons [lui] rendre justice». Gibran ayant été, malgré sa popularité, froidement reçu par la critique américaine, qui jugeait son style simpliste ou moralisateur. En espérant que la même chose n'arrive pas au film d'animation.

Présenté en 2014 au Festival international du film de Toronto, le film de 84min est l'œuvre de dix réalisateurs et neuf producteurs originaires du Canada, de France, du Liban, du Qatar et des États-Unis, où le film sortira cet été. Pour patienter, Salma Hayek devrait fouler le tapis rouge en mai pour le Festival de Cannes: elle joue dans le film Tale of Tales de Matteo Garrone. Aux côtés de Vincent Cassel, la bombe latine dévore un cœur dans la bande-annonce. Le film sera présenté en compétition officielle. Peu ragoûtant.