«Giverny: le jardin de Monet vu sous un autre angle »

By www.touwensa.net juillet 13, 2015 494

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Cinq photographes de renom ont porté leur regard sur Giverny. À voir, à partir du 31 juillet, au Musée des impressionnismes.

 «Il n'est pas besoin de savoir comment il fit son jardin, il est bien certain qu'il le fit tel que son œil le commanda successivement, aux invitations de chaque journée, pour la satisfaction de ses appétits de couleurs», écrivait Georges Clemenceau à propos de Monet et du lieu unique né de l'imagination de l'artiste à la fin du XIXe siècle.
 

Cet été, le Musée des impressionnismes, à deux pas de la maison du célèbre peintre, en donne une nouvelle vision à travers les œuvres de cinq photographes de renommée internationale: Elger Esser, Stephen Shore, Bernard Plossu, Darren Almond et Henri Foucault. L'origine de l'exposition relève d'un concours de circonstances.
 

Terrain d'expérimentation
 

Dans les années 2010, ces photographes plasticiens ont eu, pour diverses raisons, l'occasion de prendre des clichés des jardins de Monet. «L'idée a consisté à réunir leurs travaux dans cet endroit particulier qu'est le Musée des impressionnismes, témoigne Jeanne Fouchet-Nahas, commissaire de l'exposition. Chacun d'eux est resté dans son propre langage sans tomber dans la photo impressionniste.» Ni dans le cliché de la jolie photo. En réalité, le jardin a d'abord été perçu comme un terrain d'expérimentations multiples. «C'est l'hiver. Personne. Pas une fleur. Exactement ce dont je rêvais: découvrir l'ossature du jardin et pas son éclat!» soutient Bernard Plossu, qui a porté son regard sur les allées désertes, une feuille morte égarée, une fleur solitaire…
 

Nuits de pleine lune
 

Stephen Shore, lui, l'a découvert pour la première fois en 1977. Il y est revenu en 1981 et 1982, après sa restauration, à la demande du Metropolitan Museum de New York, qui préparait une exposition de peintures de et sur Monet à Giverny et souhaitait les mettre en résonance avec des photographies d'un état des lieux. Son approche documentaire du jardin restauré renvoie, par sa technique, à l'original du XIXe siècle. Au cours de ses visites, Elger Esser a réalisé deux séries, réunies ici sous un même titre Nocturnes à Giverny. Dans le mystère de la nuit, il a cherché à capter «l'absence de Monet» en travaillant sans flash ni montage, mais avec deux chambres photographiques ouvertes pendant dix à quinze minutes. D'où l'atmosphère irréelle et poétique qui émane de ses clichés.
 

Lumière si particulière
 

Hormis quelques photos prises les nuits de pleine lune, l'Anglais Darren Almond s'est attaché à saisir la lumière si particulière de l'aube juste avant l'apparition du soleil, tandis que Henri Foucault s'est intéressé aux détails: plantes, brindilles, feuilles qu'il a soumises à la lumière du photogramme. Il en résulte une vision très graphique, en noir et blanc. Outre 21 photogrammes, l'artiste a également réalisé des œuvres grand format composées de plusieurs panneaux à mi-chemin entre photographie et sculpture (9 × 1,20 m, pour la plus importante). Ainsi Green Light qui invente des plantes aquatiques constellées de cristaux Swarovski. «Une mise à plat, une interprétation abstraite des Nymphéas de Monet», estime Jeanne Fouchet-Nahas.
 

Pour encore mieux apprécier ses «Cinq regards contemporains», titre de l'exposition, et prolonger l'immersion dans l'univers bucolique de Monet, rien interdit d'aller revoir l'œuvre originale juste à côté.
 

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