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Interdit au Maroc, où l' actrice principale a été agressée, le film franco-marocain, qui met en scène quatre prostituées, a été projeté pour la première fois devant un public arabophone.
Applaudissements, rires gênés, commentaires surpris. Dans la salle obscure du Colisée, au centre-ville de Tunis, les quelque 1 600 spectateurs réagissent à voix haute pendant toute la séance de « Much Loved ». Ce film franco-marocain, sorti en mai en France, suit le parcours de quatre prostituées à Marrakech. Interdit au Maroc, le long-métrage de Nabil Ayouch était projeté pour la première fois au Magreb ce jeudi dans le cadre des Journées cinématographiques de Carthage.
Dans une salle bondée — certains avaient fait la queue trois heures pour acheter un billet —, les spectateurs, parfois mal à l'aise devant certaines scènes crues ou osées, se tortillent dans leur siège, comme s'ils cherchaient une télécommande pour zapper. D'autres se cachent les yeux. Heurtées, 20 à 30 personnes quittent la salle au milieu de la séance. « Je ne comprends pas pourquoi les jeunes réagissent comme ça. Le film ne m'a pas choqué, peut-être parce que je suis d'une génération qui a tout vu », s'amuse Kamel Bellil, un cinéaste de 56 ans. « C'est quand même un peu osé, avoue Dora, la vingtaine. Mais en Tunisie, même nos feuilletons du ramadan sont pires, donc je ne comprends pas pourquoi il est censuré ! »
VIDEO. «Much Loved» diffusé pour la première fois dans un pays du Maghreb
VIDEO. La bande-annonce de « Much Loved »
Une séance test réussie
« J'ai senti des réactions de vie et de rire du public. Beaucoup de bienveillance », commentait hier Nabil Ayouch, le réalisateur franco-marocain, qui a assisté — sous haute surveillance — aux vingt premières minutes du film. Au lendemain de Cannes, où « Much Loved » avait été sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs, le gouvernement marocain avait décidé d'interdire le film, avant même que la production ne fasse une demande d'autorisation de diffusion. « Sincèrement, j'ai encore espoir que l'interdiction soit levée. J'ai envie de me battre pour ça ! réagit le jeune cinéaste. Nous avons, dans un premier temps, reçu beaucoup de menaces, puis la pression est retombée depuis la sortie du film en France. Beaucoup de Marocains ont compris que ce n'était pas un film sulfureux. » Pourtant, début novembre, Loubna Abidar, l'actrice principale, a été victime d'une agression à Casablanca. Depuis, elle a choisi de vivre en France. « Elle va beaucoup mieux, elle se reconstruit. Elle a pris du recul », rassure Nabil Ayouch.
« Après toutes ces polémiques, je craignais la réaction du public, mais tout s'est passé dans le calme », note Alya, une cinéphile. Une séance test réussie pour Lassaad Goubantini, distributeur et exploitant. Séduit lors de la projection au Festival de Cannes, il a décidé d'acheter les droits dès juin. « Je veux défendre ce film. Dans le monde arabe, on a besoin de ce genre de fiction qui parle de ces tabous », s'enthousiasme-t-il, « certain que le film va cartonner ».
Fin décembre, « Much Loved » devrait donc être diffusée dans au moins huit salles du pays, qui n'en compte qu'une douzaine. Mais il devra d'abord passer par la commission de censure du ministère tunisien de la Culture, qui pourrait imposer une interdiction aux moins de 18 ans.
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