Un spectacle magistral
Après la cérémonie officielle d’ouverture de cette 3ème édition des JMC, plus d’une quarantaine d’artistes, jeunes dans la plus part ont occupé la scène emportant le public pendant plus de deux heures dans un voyage onirique à travers une Tunisie profonde dont le portrait ont été dessiné avec cœur et beaucoup d’inspiration. « Parfums » de Mohamed-Ali Kammounetl’Ensemble Orchestral de TunisieDirigé par Rachid Koubaa a émerveillé le public averti et fin connaisseur, avec des airs de musiques puisant sa force dans la diversité de son inspiration et dans l’authenticité de son expression. Les chants et la poésie, portés par deux grands maîtres du sud, en l’occurrence JamelArfaoui de Nafta et MoatassemLamir de Tataouine qui ont dominé la deuxième partie de ce spectacle , ont fusionné avec une orchestration fruit d’une belle alchimie où la musique traditionnelle, le Jazz et la musique symphonique ont été subtilement mélangés dans un brassage plus que réussi. Parfumsde Mohamed Ali Kammoun est un voyage dans les interstices et les strates culturelles d’une Tunisie à la fois réelle et rêvée par ce compositeur pianiste. C’est une lecture du palimpseste identitaire national, du nord au sud et dont l’artiste a réussi à déchiffrer les signes et les symboles et à les interpréter à coup de sonorités à la fois tendres et graves. De SiccaVeneria à Tataouine en passant par Sakiet Sidi Youssef et Nafta, l’artiste nous livre des indices pour nous aider à trouver la clé de son univers merveilleux et profond qui n’est autre qu’une Tunisie aimée, adulée, blessée, mais toujours chantée par ses poètes à l’instar de Mohamed OuledSghaier qui vient de nous quitter et qui était bien présent ce soir-là à travers l’hommage qui lui a été rendu subtilement à l’ouverture. RahlouBik, HezzHramek, Rit Ennejma ou El GalbYrid, chantées tour à tour par les deux chantres de la musique traditionnelle de Nafta et de Tataouine, débordaient d’émotions. Des paroles sortant du cœur et jalousement sauvegardées par la tradition orales ont été accentuées par une musique folle, délicate et révoltée à l’instar d’un amoureux à la recherche de sa dulcinée. La dulcinée c’était la femme, et le pays rêvée, perdu mais finalement retrouvée. Le public a bien sur applaudi mais par conviction et par respect à ces artistes qui nous ont offert un très beau spectacle. Parmi ces artistes le designer graphiste RaoufKarrayet la plasticienne parisienne Véronique Verstraetequi nous ont offert à leur manière une autres lecture de cette belle Tunisie, en osmose avec l’œuvre globale, à travers une animation visuelle qui a donné beaucoup de relief à ce spectacle à voir absolument