Une étude favorable à la mammographie avant 50 ans

Les deux tiers des décès par cancer du sein concernent des femmes qui ne se font pas dépister.Les deux tiers des décès par cancer du sein concernent des femmes qui ne se font pas dépister.

Les femmes de moins de 50 ans doivent-elles passer une mammographie chaque année pour diminuer leur risque de décéder d'un cancer du sein? Oui, selon une étude originale publiée lundi dans la revue Cancer par une équipe de la Harvard Medical School. Difficile d'être aussi catégorique, corrigent les experts interrogés par Le Figaro. En France, le dépistage organisé n'est proposé qu'à partir de 50 ans, sauf facteurs de risques particuliers, à discuter avec son médecin. Notamment des antécédents de cancers dans la famille.

Avec 48.763 nouveaux cas et 11.886 décès en 2012 (dont 993 avant 50 ans), les cancers du sein sont la troisième cause de mortalité par cancer pour les femmes selon la dernière estimation nationale de l'incidence et de la mor­talité.

Les auteurs de l'étude américaine ont repris les dossiers médicaux de 7000 patientes de deux hôpitaux de Boston chez qui un cancer du sein avait été diagnostiqué entre 1990 et 1997. Ils ont ensuite regardé si ces femmes avaient fait des mammographies de dépistage avant le diagnostic et se sont particulièrement focalisés sur les 609 femmes qui étaient décédées des suites de leur cancer. L'objectif était de remonter dans le passé, à l'image de ce qui se fait après un accident d'avion pour comprendre a posteriori comment il s'est produit.
En 2009, les recommandations officielles américaines ont changé

La moitié des décès concernait des femmes de moins de 50 ans mais surtout les deux tiers des décès étaient survenus chez des femmes n'ayant jamais fait de mammographie. Quatre femmes sur cinq participaient pourtant régulièrement au dépistage proposé à cette époque dès l'âge de 40 ans aux États-Unis.

En 2009, les recommandations officielles américaines ont changé pour rejoindre celles de la plupart des pays, dont la France, qui estiment que ce n'est qu'à partir de 50 ans que les bénéfices du dépistage l'emportent sur les inconvénients. Depuis le nombre de mammographies n'a cependant baissé que de 5% chez les Américaines qui ont la quarantaine.

«Cette étude confirme l'intérêt du dépistage du cancer du sein, en tout cas après 50 ans, explique le Dr Bernard ­Asselain, chef du service de biostatistique de l'Institut Curie. Elle suggère un bénéfice pour les femmes plus jeunes, mais les inconvénients ne sont pas évoqués et le bénéfice réel ne peut être évalué sur ce type d'étude.» Pour le Dr Brigitte Seradour, ancienne coordinatrice du groupe national de suivi du dépistage du cancer du sein: «Il ne fait pas de doute que la mortalité diminue pour des femmes qui font une mammographie annuelle à partir de 40 ans, mais c'est au prix d'un nombre important de faux positifs (examens inquiétants à tort, NDLR) car le cancer est plus rare à cet âge, c'est pourquoi le dépistage commence à 50 ans.»

 

Un dépistage n'est pas anodin

Car faire un examen de dépistage est certes utile mais jamais anodin. Les conséquences d'un examen faussement positif peuvent être importantes, ­physiquement et psychologiquement. «Plus on commence tôt les mammographies et plus il y a risque de cancer radio-induit (provoqué par l'examen), ajoute Frédéric de Bels, responsable du département dépistage de l'Institut national du cancer, sans compter qu'avant 50 ans, le risque de surdiagnostic est plus important.»

Le plan cancer 2014-2018 en préparation devrait comporter un volet dépistage, mais personne n'a de réelle visibilité sur son contenu. Pas très rassurant au regard des enjeux car le dépistage est une machine lourde, complexe, aussi difficile à améliorer que facile à enrayer.

 

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