4 propositions pour sauver l’alternance

By www.touwensa.net janvier 26, 2015 437

Fusionner contrats d’apprentissage et de professionnalisation, c’est l’idée avancée par le CAE (Conseil d’Analyse Economique) dans une note du 7 janvier intitulée « L’apprentissage au service de l’emploi ». Les auteurs et économistes Pierre Cahuc, Marc Ferracci, avec la contribution du Prix Nobel d’Economie 2014 Jean Tirole et de l’économiste Etienne Wasmer préconisent en effet une réforme en profondeur de l’alternance à travers 4 grandes recommandations. Rappelons que l’apprentissage est destiné aux jeunes âgés de 16 à 25 ans et le contrat de professionnalisation, aux plus de 26 ans.

Les moins qualifiés sont les plus lésés

La formation en alternance qui « joue dans de nombreux pays un rôle clé pour insérer dans l’emploi des jeunes pas ou peu diplômés » a « surtout profité aux apprentis de l’enseignement supérieur » ces dix dernières années. Et cela malgré la hausse des moyens alloués avec en particulier la création d’incitations financières pour les entreprises recrutant des apprentis.

La proportion d’apprentis sans diplôme préalable a « chuté de 60% à seulement 35% entre 1992 et 2010 » rapportent les auteurs, malgré le quasi-doublement des effectifs d’alternants (apprentissage et professionnalisation) passés de 211 000 en 1992 à 405 000 en 2013. Une hausse essentiellement due à l’essor de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur estimé à +24% sur la période 2004-2010.

« Peut-on parler de constat d’échec de l’apprentissage en France ? » s’interrogeait récemment le Nouvel Obs ? « Il s’agit plutôt d’un constat d’échec dont pâtissent les plus bas niveaux de qualification » rectifie Pierre Cahuc dans une interview. « Le système actuel relève d’une mauvaise gouvernance, avec beaucoup trop d’acteurs mal coordonnées, des circuits de financements complexes. »

 

Fusionner et unifier les dispositifs

Aussi, le CAE recommande tout d’abord de fusionner les deux contrats d’apprentissage et de professionnalisation, et par ce biais d’unifier également leurs aides au financement (prime apprentissage, crédit d’impôt apprentissage, bonus dépassement quota d’alternants…) en une subvention unique ; de simplifier la collecte des fonds actuellement faite par les OCTA en la confiant aux URSSAF.

 

Instaurer un système unique de certification

Recommandation 2 : instaurer un système unique de certification des formations en alternance via des agences commanditées par une commission nationale réunissant toutes les parties prenantes, des branches professionnelles, à l’Éducation nationale, en passant par le ministère du Travail, les experts indépendants…

La première mesure pour simplifier le système consisterait notamment à inclure les CQP (Certificats de qualification professionnelle) dans la formation en apprentissage.

 

Moduler les subventions

Recommandation 3 : Moduler les subventions à l’alternance en fonction du diplôme de l’alternant, ce afin d’inciter à embaucher des apprentis peu qualifiés ; et moduler les contributions des entreprises à l’alternance en fonction du devenir de leurs alternants. Ainsi, l’insertion durable des jeunes deviendra la préoccupation de tous, pouvoirs publics comme entreprises.

 

Concentrer sur l’apprentissage les moyens publics en faveur de l’insertion des jeunes

Recommandation 4. Concentrer sur l’apprentissage et le pré‐apprentissage les moyens publics en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes peu qualifiés. Ajuster les incitations des différents acteurs de l’orientation en faveur de ce dispositif. Réduire la part des matières académiques dans les diplômes de CAP et promouvoir le tutorat des apprentis.

L’apprentissage a profité aux plus diplômés et aux apprentis de l’enseignement supérieur ces dix dernières années, ne remplissant pas son rôle d’insertion des jeunes peu ou pas diplômés dans l’emploi. Le nombre d’apprentis sans aucun diplôme a d’ailleurs diminué selon les experts du CAE. Pierre Cahuc appelle ainsi à instaurer un « système plus redistributif et efficace pour les personnes les moins diplômées ». Une volonté déjà exprimée par le gouvernement avec la réforme de la formation professionnelle.

 

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