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Touwensa (Agences). Mokhtar TRIKI
La phytothérapie peut être utile dans certains cas précis, mais elle n'est pas exempte de risques et son utilisation requiert au minimum l'avis d'un pharmacien.
Pour le Dr Séverine Derbré, responsable de l'enseignement de phytothérapie à l'université d'Angers, «c'est au pharmacien de rappeler que la phytothérapie, c'est pour des petits bobos, pas pour des choses graves». Spécialiste de pharmacognosie (discipline qui étudie le mode d'obtention et les mécanismes d'action des produits d'origine naturelle), elle invite à distinguer les différents usages des plantes. «Il peut s'agir de médicaments à base de plantes, ce qui signifie qu'ils vont contenir des molécules issues de la plante, explique-t-elle. Ils vont alors présenter les mêmes garanties que tout médicament: efficacité, sécurité, qualité pharmaceutique.»
Pour les plantes seules, cependant, l'efficacité est fondée sur la reconnaissance d'un usage traditionnel et l'on parle d'«usage bien établi» lorsque l'effet est démontré. «Il peut s'agir par exemple de l'utilisation de la valériane dans les troubles du sommeil bénins», illustre le Dr Derbré.
Des principes actifs
Mais l'effet de la plante n'est pas le seul paramètre à prendre en compte. Sa préparation joue un rôle important. «Avec les tisanes en infusion, la substance active est solubilisée dans l'eau, explique le Dr Laurent Chevallier, médecin nutritionniste et botaniste, auteur de Moins de médicaments, plus de plantes (Fayard, 2015). Alors que, pour fabriquer des gélules de plantes sous forme d'extraits secs, on broie la partie de la plante ayant le plus de principes actifs avant de les extraire par un mélange d'eau et d'alcool.» Le produit obtenu est filtré, soumis à évaporation et conditionné en gélules. «Dans les deux cas, ce n'est pas forcément la même chose que l'on absorbe», précise le Dr Chevallier.
Pour les compléments alimentaires à base de plantes, les choses sont claires, en théorie, puisqu'ils «ne peuvent pas avoir d'effet thérapeutique, détaille le Dr Séverine Derbré, mais simplement des effets nutritionnels (par exemple un apport en vitamines ou minéraux) ou physiologiques (la caféine, qui va stimuler)».
«La pharmacie a eu besoin et a encore besoin des plantes», explique le Pr François Chast, coauteur deLa Vérité sur vos médicaments (Odile Jacob, 2015). Ce dernier n'est pas opposé à l'usage des plantes par les professionnels de santé, il a même écrit un ouvrage sur le sujet, Le Magasin du bon Dieu, en 2001 avec le Pr Pierre Potier. Ce qui l'agace, c'est la remise en cause du savoir médical et scientifique ainsi que la tentation de certains de redonner vie à l'herboristerie et à critiquer systématiquement lemédicament, sous l'œil indulgent et intéressé (économiquement) de la Sécurité sociale. «Gardons-nous d'une vision idyllique. La vente des plantes, de manière générale, ne répond plus aujourd'hui à un besoin scientifique», précise le Pr Chast.
«La chimie nous a permis d'avoir des médicaments efficaces à partir des plantes, poursuit-il, mais ce qui me gêne, c'est la perception déformée de certains qui y voient une chimie inutile et toxique pour la santé.»
Se méfier des interactions
D'autant que les plantes ne sont pas exemptes de risques. «La toxicité aiguë est souvent facile à prévoir, souligne le Dr Derbré, mais c'est plus difficile pour la toxicité chronique», qui agit dans la durée. Il faut aussi se méfier des interactions entre les plantes et d'autres traitements. Là encore, le conseil du pharmacien est indispensable. Quant aux extraits concentrés dans les huiles essentielles, «ils ne doivent jamais être pris purs mais dilués dans une huile végétale neutre, et je ne les préconise qu'en usage externe», explique le Dr Chevallier. «Les huiles essentielles sont tout sauf anodines, insiste le Dr Derbré. Il faut les éviter chez l'enfant et la femme enceinte tant que la preuve de leur innocuité n'a pas été faite. On sait par exemple que le menthol peut provoquer des bronchospasmes avant 7 ans.»
Pour le Dr Chevallier: «On abandonne peu à peu l'empirisme pour une approche scientifique avec des études scientifiques de bonne qualité, et il faut mettre en balance les ravages de l'automédication avec les médicaments, leurs effets secondaires et leur iatrogénicité (effets indésirables liés notamment au mauvais usage du médicament, NDLR). C'est pourquoi tout ce qui aide à la décroissance médicamenteuse mérite l'attention.»
Mais savoir quand et comment utiliser les plantes est délicat. «Certes, on ne soigne pas le cancer avec des tisanes, mais certaines peuvent aider à supporter le traitement. Dans d'autres pathologies ou troubles, elles peuvent malgré tout se substituer avantageusement aux médicaments sous contrôle médical. Par exemple dans le stress, l'anxiété, différentes douleurs articulaires, en relais des traitements conventionnels pour protéger la muqueuse de l'estomac», résume le Dr Chevallier.
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