Crème solaire : dans la jungle des indices

By www.touwensa.net juillet 02, 2015 514

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Selon une étude américaine publiée le 18 juin, peu de consommateurs comprennent les étiquettes des produits solaires et ce que représentent les indices de protection.

À quelques jours des promenades en montagne ou des séances de farniente sur la plage, il est temps de choisir sa crème solaire. Mais savez-vous ce que signifient vraiment SPF 50 +, IP 30 ou «haute ou faible protection »? Pas si sûr.
 

Peu de consommateurs comprennent les étiquettes des produits solaires et ce que représentent les indices de protection, montre une étude américaine publiée le 18 juin dans Jama dermatology. Certes, une grande majorité des participants à cette enquête pratiquent les bons gestes face au soleil, mais ils sont moins de la moitié à savoir ce qu'ils achètent: seuls 43 % comprennent la définition des facteurs de protection solaire, moins de 40 % sont capables d'expliquer comment la crème les protège du cancer de la peau, du vieillissement cutané (7 %) ou des coups de soleil (environ 23 %). «Malgré un changement récent à la demande des autorités sanitaires américaines, cette enquête suggère que les informations inscrites sur les emballages des produits solaires sont toujours confuses pour les consommateurs », concluent les auteurs.
 

En France, un effort de simplification a été réalisé il y a quelques années, sans plus de succès. «Très clairement le public ne sait pas ce qu'il y a derrière les étiquettes. Mais le message est passé: plus personne ne doute de l'intérêt d'appliquer des produits de protection solaire», affirme le Pr Jean-Luc Schmutz, président de la Société française de photo-dermatologie.
 

Durée de protection
 

Alors comment déchiffrer ces étiquettes? L'indice FPS (facteur de protection solaire) ou SPF (sun protection factor) correspond à un facteur de multiplication du temps qui serait nécessaire pour que survienne un coup de soleil sans protection. «Cela signifie qu'avec un indice 30, il faudra 300 minutes pour attraper le coup de soleil que l'on aurait en dix minutes sans protection», explique le Pr Christophe Bedane, chef du service de dermatologie du CHU de Limoges.
 

Un temps de protection qui demeure bien souvent théorique, car il nécessite des quantités de crèmes que nous sommes bien loin d'appliquer: 2 milligrammes de produit par cm² de peau, soit environ 6 cuillères à café pour le corps entier d'un adulte de taille moyenne! «On applique en moyenne environ le quart de cette dose. C'est mieux que rien: mais attention aux fausses sécurités», met en garde Christophe Bedane.
 

Sans oublier qu'aucune protection n'arrête totalement des rayons du soleil. C'est d'ailleurs pour cette raison que, même enduits de crème, nous bronzons. «Une crème d'indice 30 laisse passer 10 % des UVB et une crème d'indice 50 en laisse passer 5 %», confirme le Pr Brigitte Dreno, chef du service de cancéro-dermatologie au CHU de Nantes.
 

Penser aux UVA
 

Autre élément essentiel: pour une raison historique, la crème solaire protège avant tout contre les UVB. «Les premiers filtres solaires ont été introduits sur le marché des produits cosmétiques en 1936, avec comme vocation unique d'éviter le coup de soleil et le bronzage généré par les seuls UVB», explique le Pr Schmutz. On a longtemps cru que seuls les UVB étaient responsables du développement de cancers car responsables des coups de soleil, redoutables dans la genèse des mélanomes. Or les UVA associés au vieillissement de la peau et aux allergies cutanés sont également impliqués dans l'apparition des cancers de la peau. «Et comme on attrape moins de coups de soleil lorsqu'on est protégé des UVB, le risque est d'être plus longtemps exposé aux UVA. Qui, de plus, passent à travers les vitres», met en garde le Pr Dreno. La cancérologue rappelle que toutes les crèmes solaires ne protègent pas de la même façon contre les UVA. La protection minimale doit cependant correspondre au tiers du SPF indiqué sur l'emballage (elle est représentée sur l'emballage par un logo mettant le terme UVA dans un cercle).
 

Attention aux enfants
 

Alors à quel indice se vouer? Pour un adulte sans problème de peau particulier, une crème solaire d'indice 30 sera suffisante pour une exposition moyenne (les indices plus élevés étant réservés aux conditions extrêmes, comme la haute montagne). «Mais la protection solaire ne s'applique pas uniquement à la plage. Je recommande de l'appliquer systématiquement le matin dès que l'on sort de la maison puis en début d'après-midi. Et pour les femmes, elle ne doit surtout pas se mettre sur le maquillage», explique le Pr Dreno.
 

Enfin, faut-il le rappeler, chez les enfants la plus grande prudence est de mise. «Nous recevons 40 % des UV de toute une vie pendant l'enfance !», rappelle Christophe Bedane. Le message des spécialistes est clair : pas d'exposition directe au soleil jusqu'à 2 ans. Ensuite, pas d'exposition entre 12 et 16 heures (un message valable pour tous), port obligatoire d'un chapeau à bords, de lunettes et d'un tee-shirt sur la plage l'été… «Les parents font attention avec les plus jeunes. La catastrophe aujourd'hui, ce sont les adolescents et jeunes adultes qui ne se protègent pas », s'alarme Brigitte Dreno.
 

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