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Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI
Un an et demi après les faits, un suspect était en garde à vue mardi en Haute-Savoie dans l'enquête sur le quadruple meurtre de Chevaline, première arrestation à survenir en France dans cette retentissante affaire.
Cet homme de 48 ans, vivant près du lieu du drame et sans "lien direct" avec les protagonistes du drame, a été interpellé mardi. Vers 10H00 alors qu'il sortait de chez lui, selon une source proche du dossier.
"Cette interpellation, qui ne restera peut-être pas unique, est le fruit des témoignages recueillis notamment après la diffusion, le 4 novembre 2013, du portrait robot d'un motard vu à proximité de la scène de crime et recherché activement par les enquêteurs", a précisé le procureur de la République à Annecy, Eric Maillaud.
Selon le procureur, le suspect présente "une forte ressemblance" avec le portrait-robot d'un homme portant un casque de moto à ouverture latérale et un bouc. Le magistrat n'en a pas dit plus sur son identité pour "préserver la présomption d'innocence".
Depuis la diffusion du portrait-robot, les enquêteurs ont reçu une centaine d'appels, dont une quarantaine "a semblé apporter des éléments utiles", a ajouté M. Maillaud.
Tuerie de Chevaline: le rappel des faits
Selon une source proche du dossier, le suspect est décrit comme un "montagnard taiseux", "amateur d'armes", vivant comme un "marginal". Une perquisition était en cours mardi matin à son domicile, en présence de sa concubine, dans un village proche du lieu du drame dans les environs d'Annecy.
- Un tueur "aguerri", "très expérimenté" -
Le 5 septembre 2012, Saad al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d'origine irakienne travaillant dans le secteur de l'aéronautique et la défense au Royaume-Uni, sa femme de 47 ans, et sa belle-mère âgée de 74 ans et de nationalité suédoise, avaient été exécutés de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.
Un cycliste français, Sylvain Mollier, - considéré par les enquêteurs comme une victime collatérale - avait également été abattu de plusieurs balles. Zainab, 7 ans, la fille aînée du couple al-Hilli, avait été grièvement blessée tandis que sa petite soeur, Zeena, dissimulée sous les jambes de sa mère, s'en était miraculeusement sortie indemne.
La fillette de quatre ans avait été retrouvée plus de huit heures après la tuerie, la scène de crime ayant été gelée jusqu'à l'arrivée dans la nuit des techniciens parisiens de la gendamerie.
Le procureur d'Annecy avait alors brossé le profil présumé du tueur, comme un homme "aguerri", "très expérimenté", n'hésitant pas à changer trois fois de chargeur et à achever ses victimes d'une balle entre les deux yeux. L'arme utilisée, ancienne, est un Luger P06 de calibre 7,65 Parabellum, ayant équipé l'armée suisse.
Une information judiciaire, d'abord ouverte pour assassinats, avait ensuite été requalifiée en "meurtres en bande organisée".
- "Avancée importante dans l'enquête" -
L'arrestation de mardi en France, qualifiée d'"avancée importante dans l'enquête" de source proche du dossier, remet la piste d'un tueur local au premier plan alors que la justice a plutôt envisagé jusqu'ici celle d'un conflit familial sur fond d'héritage disputé entre les deux frères.
Jusqu'à présent, une seule personne avait d'ailleurs été arrêtée dans cette affaire, au Royaume-Uni: Zaïd al-Hilli, le frère de Saad, interpellé le 24 juin 2013, soupçonné de "complot pour commettre un meurtre".
Cet homme de 54 ans a reconnu être en conflit avec son frère concernant l'héritage paternel, mais n'a eu de cesse de clamer son innocence. Il avait été remis en liberté provisoire et conditionnelle dès le lendemain de son arrestation et son contrôle judiciaire a été levé à la mi-janvier.
L'éventualité d'un tueur local isolé, agissant de son propre chef, est "une hypothèse de travail parmi d'autres mais ce n'est pas l'hypothèse numéro un", a souligné mardi une source proche du dossier.
Les enquêteurs travaillent plutôt à faire le lien entre un ou des hommes de main locaux et un éventuel commanditaire. Les autres gardes à vue à venir pourraient étayer un tel scénario.
La police du Surrey qui enquête sur l'affaire côté britannique, n'a pas fait de commentaires sur les implications éventuelles, pour Zaïd al-Hilli, de l'arrestation survenue mardi. Celle-ci "est le fruit d'investigations menées en France, sans lien avec celles menées au Royaume-Uni", a dit la police anglaise.
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