Violences à Nantes : prison ferme pour de jeunes casseurs

Touwensa (Agences). Mokhtar TRIKI

La police a interpellé quatorze manifestants le 22 février après les violences commises à Nantes. Sur les cinq personnes qui comparaissaient ce lundi, deux ont écopé de cinq et six mois de prison ferme.

Etrange atmosphère lundi au tribunal de Nantes où cinq des douze personnes interpellées en marge de la manifestation du 22 février étaient jugées en comparution immédiate. Le procureur de la République a indiqué d'emblée «qu'il n'était pas possible de demander aux policiers à la fois d'assurer la sécurité et d'interpeller» les casseurs. Ainsi, a-t-il ajouté, «ne seront pas ce lundi dans la salle ceux qui ont commis les faits ni les principaux casseurs ou radicaux».
 

Les cinq jeunes gens ne revendiquent aucun lien avec les manifestants et semblent très loin des «black blocs». Âgés de 22 à 39 ans, Julien, Antony, Kevin, Jean-Baptiste et Ali sont sans travail ou en insertion pour la plupart, avec déjà un casier judiciaire.
 

Ayant eu connaissance par la télévision de la manifestation musclée qui se préparait, ils ont rejoint le centre ville pour, selon leurs termes, «participer à la techno parade». «Je voulais voir par moi-même le bordel, les lacrymogènes et les flash ball», lâche Jean-Baptiste, interpellé le soir vers 20h fortement alcoolisé, avec ses deux camarades Anthony et Kevin, également ivres. Les policiers, partie civile dans ce procès, les accusent de leur avoir lancé des projectiles. Deux policiers ont été blessés. Les trois reconnaissent avoir lancé des pierres et des bouteilles, mais «l'après-midi et pas le soir»… Même cas de figure pour Julien et Ali, interpellés à la fin de la manifestation alors qu'ils déambulaient à visage découvert.
 

Marquer le coup
 

«J'ai été attiré par la manifestation et l'effet de groupe», reconnaît Julien, sorti de prison il y a quelques mois, à qui l'on reproche d'avoir lancé une bouteille de bière contre les policiers. Il a été condamné à 5 mois de prison ferme et à la révocation de son sursis partiel d'un mois dans une autre affaire. Ali accusé de port de couteau a été relaxé. Jean-Baptiste a lui écopé de 5 mois avec sursis, Anthony, de 5 mois ferme et Kevin de 6 mois ferme avec révocation de son sursis de six mois dans un autre dossier. Maître Emmanuelle Henri, avocats de Julien et Kevin, estime que l'objectif de ce procès consistait surtout à «marquer le coup» et que «les vrais coupables ne sont pas dans la salle d'audience». Un épisode qui devrait laisser sur leur faim les victimes des heurts de samedi et notamment la mère de Quentin, 29 ans, qui a perdu un œil lors des violences.
 

 

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