Ukraine: opération militaire sur le bastion rebelle de Slaviansk

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

La Russie a vivement dénoncé vendredi une opération militaire lancée à l'aube par l'armée ukrainienne sur Slaviansk, bastion de la rébellion armée pro-russe, qui a déjà fait deux morts côté ukrainien.

Deux militaires ukrainiens ont été tués et deux hélicoptères ont été abattus avec des lance-roquettes portables lors de l'opération, a indiqué le ministère ukrainien de la Défense, qui y voit la main de "groupes de sabotage professionnels" et de "militaires ou mercenaires étrangers".
 

Les autorités ukrainiennes exigent des "terroristes" qu'ils "libèrent les otages, déposent leurs armes et quittent les bâtiments", a indiqué le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov, qui se trouve sur place avec le ministre de la Défense Mikhaïlo Koval et le commandant de la Garde nationale.
 

La "phase active" de l'opération a été lancée à 04H30 du matin à Slaviansk et Kramatorsk, selon le ministre. "C'est une attaque d'envergure totale", avait auparavant déclaré la porte-parole des rebelles.
 

Dans le village d'Andriïvka, à quelques kilomètres de Slaviansk, une colonne d'une dizaine de blindés ukrainiens était stationnée après avoir détruit un check-point rebelle, a constaté l'AFP.
 

Les soldats ont été apostrophés par des habitants qui leur ont crié "Rentrez chez vous !" et "Honte à vous!". Les militaires ont tiré en l'air au-dessus de la foule pour les repousser.
 

A Moscou, le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a condamné ce qu'il a qualifié de "raid de représailles" avec l'appui de "l'aviation pour tirer sur des localités civiles".
 

Une telle initiative, a-t-il estimé, "détruit le dernier espoir de viabilité de l'accord de Genève" conclu à la mi-avril entre Ukraine, Russie, Etats-Unis et Union européenne pour arriver à une désescalade de la crise en Ukraine.
 

La veille, Moscou avait appelé Kiev, les Etats-Unis et l'Union européenne "à ne pas accomplir d'erreurs criminelles et à évaluer la tête froide les conséquences possibles d'un emploi de la force contre le peuple ukrainien".
 

M. Peskov a par ailleurs indiqué que Moscou avait dépêché un émissaire dans l'est de l'Ukraine pour participer aux négociations sur la libération des inspecteurs de l'OSCE, 7 étrangers et 4 Ukrainiens, détenus depuis une semaine par les séparatistes à Slaviansk.
 

Slaviansk fait partie de la douzaine de villes de l'Est ukrainien sous contrôle des séparatistes pro-russes. Kiev accuse la Russie, qui a déjà mis la main en mars sur la Crimée, de téléguider les troubles, ce que dément Moscou.
 

La situation en Ukraine et le sort des observateurs de l'OSCE seront au menu vendredi d'une série de rencontres, notamment entre le président des Etats-Unis Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel. Angela Merkel avait demandé jeudi au président russe Vladimir Poutine de "faire usage de son influence" dans le dossier des observateurs de l'OSCE.
 

- Intégrité territoriale menacée -
 

Jugeant que l'intégrité territoriale de l'Ukraine était menacée, le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a réintroduit jeudi la conscription face à la détérioration de la situation dans l'Est.
 

Peu auparavant à Donetsk, principale ville de la région rebelle, le siège du parquet régional avait été pris d'assaut en moins d'une heure par une foule de manifestants pro-russes, illustrant l'impuissance croissante des autorités ukrainiennes à assurer l'ordre dans la province en proie à des troubles.
 

Les policiers qui tentaient de protéger le bâtiment ont été frappés avant de pouvoir quitter les lieux, désarmés, ont constaté des journalistes de l'AFP.
 

Les rebelles pro-russes, hostiles au pouvoir mis en place à Kiev après le renversement du président Viktor Ianoukovitch, ont continué ces derniers jours d'étendre leur emprise. Ils contrôlent désormais des sites stratégiques (mairie, siège de la police et des services de sécurité) dans plus d'une douzaine de villes.
 

- Plan du FMI 'remanié' en cas de perte des régions -
 

La bataille entre Kiev et Moscou se poursuit aussi sur les fronts militaire, économique ou diplomatique.
 

A Kiev, les autorités ont procédé dans la nuit de mercredi à jeudi à des exercices militaires. Des membres des unités spéciales de la garde présidentielle, à bord d'une dizaine de blindés, ont encerclé le bâtiment du parlement, et des tireurs d'élite ont été parachutés sur le toit.
 

Soucieux de priver d'arguments les séparatistes, le gouvernement ukrainien a annoncé envisager un référendum sur l'unité de la nation ukrainienne et sur la décentralisation en parallèle de l'élection présidentielle anticipée du 25 mai.
 

Le Fonds monétaire international, qui avait voté jeudi un plan d'aide de 17 milliards de dollars a, de son côté, admis que ce plan devrait être "remanié" en cas de perte des régions de l'Est.
 

Selon le FMI, les provinces de l'Est (Donestk, Lougansk, Kharkiv) représentent plus de 21% du produit intérieur brut (PIB) du pays et 30% de sa production industrielle.
 

Une réunion consacrée à la sécurité de l'approvisionnement de l'Ukraine et de l'UE en gaz russe devait se tenir vendredi à Varsovie entre le commissaire européen à l'Energie, Gunther Oettinger, et les ministres russe et ukrainien de l'Energie.
 

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