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Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI
Allongé sur le sol, le paléontologue paraît minuscule à côté du fémur de dinosaure géant qui vient d'être mis au jour en Patagonie, dans le sud de l'Argentine. Pour les chercheurs argentins, aucun doute n'est possible, il s'agit du plus grand dinosaure connu sur terre, un colosse deux fois plus gros qu'un diplodocus, s'étirant sur 40 mètres de long et pesant 77 tonnes.
Avec la tête dressée, il devait atteindre 20 m de hauteur, soit l'équivalent d'un immeuble de 7 étages. «La découverte d'un individu aussi gigantesque dans cette région du monde n'est pas une surprise. C'est dans ce même pays qu'a déjà été découvert le précédent prétendant au titre de plus gros dinosaure: l'argentinosaure», dont la masse a été évaluée à 73 tonnes, explique Ronan Allain, paléontologue au Muséum national d'histoire naturelle à Paris.
Les chercheurs argentins pensent qu'il s'agit d'une nouvelle espèce de titanosaure, un herbivore quadrupède géant de la classe des sauropodes, au cou et à la queue immenses. Ces animaux vivaient au milieu du crétacé, il y a 95 millions d'années, d'après l'âge des roches dans lesquelles ils ont été retrouvés. «D'après ce que j'en ai vu, le site a vraiment l'air exceptionnel, avec des fossiles nombreux, qui ont l'air très bien conservés», commente Jean Le Loeuff, paléontologue et directeur du musée des dinosaures d'Esperaza dans l'Aude, qui a beaucoup travaillé sur les sauropodes. Les Argentins annoncent avoir déjà repéré plus de 150 ossements distincts, et pas moins de 7 individus différents de la nouvelle espèce de titanosaure, qui n'a pas encore reçu de nom officiel.
«Le spécimen en question est clairement gigantesque»
Ronan Allain, paléontologue au Muséum national d'histoire naturelle à Paris.
Les premiers ossements de ce gisement hors du commun ont été découverts dans un champ en 2008 par un agriculteur, à 250 km à l'ouest de la ville côtière de Trelew, dans le sud du pays. Le premier fémur géant, de 2,40 m de long, a été ensuite découvert lors des premières fouilles en 2013. Depuis, les fossiles sont conservés au musée de paléontologie Egidio Feruglio à Trelew.
C'est grâce à ce fémur et un humérus du même individu que les scientifiques ont pu obtenir une première estimation des dimensions exceptionnelles de l'animal. «La longueur et la circonférence du fémur et de l'humérus sont de bons éléments de départ pour avoir une idée de la taille d'un sauropode», précise Ronan Allain. «Le spécimen en question est clairement gigantesque, mais de là à savoir si c'est le plus gros ou le plus long jamais découvert, je pense qu'il est encore trop tôt pour l'affirmer. Le plus excitant dans cette découverte, c'est que les Argentins semblent avoir presque un squelette complet, et qu'on devrait avoir enfin une bonne description de ce type de dinosaure géant.»
La taille du précédent «plus gros dinosaure de la planète», l'argentinosaure, est également très contestée, car elle a été établie à partir de seulement 4 ou 5 ossements. «Or on sait qu'il y a plusieurs types de sauropodes, avec des morphologies très différentes, certains avec des cous et des queues gigantesques, comme les diplodocus, d'autres plus massifs, avec des pattes avant plus longues que les pattes arrière, comme les brachiosaures, donc toutes les estimations de taille avec des squelettes incomplets sont à prendre avec des pincettes», remarque Jean Le Loeuff.
Prudent pour sa propre découverte, Ronan Allain refuse par exemple d'affirmer à ce jour que le sauropode géant découvert sur le site d'Angeac en Charente est plus ou moins grand que celui trouvé en Argentine.
«Le fémur que nous avons trouvé fait également 2,40 m de long, mais il est un peu fissuré et abîmé et sa longueur reconstituée sera peut-être plus proche de 2,30 m ou 2,20 m», reconnaît le chercheur du Muséum. «Cela fait tout de même un animal qui mesure au moins 5 mètres de hauteur à la hanche. C'est colossal.»
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À Angeac-Charente, un autre sauropode géant
Le site paléontologique d'Angeac-Charente recèle des merveilles que les chercheurs sont loin d'avoir toutes recensées. Mais que les passionnés pourront découvrir durant les fouilles de cet été, en juillet. Le dinosaure le plus emblématique du site est un sauropode «ultime», probablement le plus grand en Europe, caractérisé par un fémur d'au moins 2,20 m de long. Et l'histoire ne s'arrête pas là:des fragments d'autres os, 25 % plus larges que ceux du dernier spécimen, «laissent présager qu'il y avait encore plus gros», précise Ronan Allain, du Muséum de Paris, qui codirige les explorations.
Depuis 2010, les paléontologues français, assistés d'amateurs, ont déjà recueilli plus de 2 500 ossements appartenant à au moins 29 individus de dinosaures identifiés à la fin 2013. Tous les os ont été préparés et rangés au musée d'Angoulême, en attendant d'être étudiés plus en détail. Les premières analyses poussées ont été consacrées à l'ornithomimosaure, un «dinosaure autruche» de 3 mètres de haut. «Ces dinosaures devaient vivre dans ce qui était à l'époque une grande plaine marécageuse, avec des forêts de conifères primitifs», raconte Didier Néraudeau, du laboratoire Géosciences-Rennes (université Rennes 1/CNRS). «Ces marécages devaient être parfois connectés avec la mer, puisqu'on retrouve aussi dans les roches des microfossiles marins.»
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