Mardi, la nuit s'est éclipsée à Kourou. À 20h47, le temps de quelques secondes, le ciel a retrouvé sa couleur bleutée et la nature guyanaise ses teintes rouges et vertes. La lune, effilée en un fin croissant , semblait sourire devant ce spectacle grandiose. Un grondement sourd et crépitant, semblable à un coup de tonnerre prolongé, accompagnait la montée de ce surprenant soleil nocturne. Une fusée Ariane 5 venait de décoller. «Un soixantième succès consécutif» pour ce lanceur, s'est félicité le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël.
 

Il était difficile de rêver d'un lancement plus impressionnant pour célébrer le départ vers la Station spatiale internationale du cinquième et dernier cargo spatial automatique européen ATV. «Je suis à la fois émerveillée et soulagée», a déclaré Geneviève Fioraso, la secrétaire d'État à l'enseignement supérieur et à la recherche qui avait fait le déplacement en Guyane pour l'occasion. «Le petit dernier est en orbite», a quant à lui salué le président de l'Agence spatiale européenne (ESA), Jean-Jacques Dordain.
 

Baptisé George Lemaître, en hommage à l'astrophysicien belge ayant formulé les prémices de la théorie du Big Bang, ce cargo emporte 6,6 tonnes de fret aux six astronautes qui occupent actuellement l'ISS. De la nourriture, des vêtements, mais aussi de l'eau, de l'oxygène et du carburant.
 

«Ce sont nos ingénieurs à Toulouse qui sont désormais responsable du pilotage de l'ATV et de la coordination des moyens au sol jusqu'à son amarrage à la station prévu le mardi 12 août.»
Jean-Yves Le Gall, le président du Cnes, l'agence spatiale française
 

Après avoir déployé ses panneaux solaires, le cylindre de 10 mètres de long et 4,5 mètres de diamètre va entamer peu à peu ses manœuvres d'approche de la station. C'est une étape très délicate: l'ISS file à 28.000 km/h et le cargo doit s'en approcher, de façon autonome, avec une précision centimétrique. «Ce sont nos ingénieurs à Toulouse qui sont désormais responsable du pilotage de l'ATV et de la coordination des moyens au sol jusqu'à son amarrage à la station prévu le mardi 12 août», a souligné Jean-Yves Le Gall, le président du Cnes, l'agence spatiale française.
 

George Lemaître restera «docké» six mois à la station, côté russe, avant de repartir se désintégrer dans l'atmosphère en emportant les déchets de l'équipage. Ainsi prendra fin le programme ATV.
 

«Toute cette expérience accumulée, nous sommes heureux de la mettre aujourd'hui à la disposition de la Nasa dans le cadre de la conception de la future capsule Orion», a rappelé Éric Béranger, directeur des programmes spatiaux chez Airbus Defence and Space (ex-Astrium), maître d'œuvre de l'ATV et des fusées Ariane. Forte de son expérience, l'ESA s'est en effet engagée à concevoir et fournir aux Américains le module de service de cette capsule destinée aux vols habités dans le Système solaire. Cela couvrira la participation européenne aux frais de fonctionnements de l'ISS sur la période 2017-2020.