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Tabarka : Touwensa (Tribune)
La légistique (l'art de rédiger les constitutions) est une œuvre de longue haleine. Elle suppose un certain savoir et non du verbiage ou un chapelet de contradictions. Elle s'articule sur des approches comparatives avec toutes les contributions, en la matière. C'est là, une condition indispensable pour réussir ce défi.
Notre Constitution doit, entre autres, aider à atteindre deux dimensions essentielles: La première consiste à défendre l'Islam, en tant qu'Identité, émanant de la Civilisation dans sa globalité. Et non, un courant politique ou idéologique, monopolisé par un groupe d'affidés, mus par l'instinct grégaire, à l'instar des Moutons de Panurge. Et la deuxième doit concrétiser l'idée selon laquelle, l'Islam est un fondement incontournable de l'Identité Sociale qui tâtonne et se cherche. Au demeurant, la Constitution ne doit pas rechigner à considérer l'Islam, comme un pilier de l'Etat qui se rattache à lui, tant qu'il est un facteur régulateur, sur le plan aussi bien normatif qu'éthique.
En fait, si le génie politique a réussi à protéger la Tunisie des incidences du fanatisme qui a nui à beaucoup d'autre pays, c'est parce qu'il repose sur un génie réformateur et rationnel qui a offert à toute la Nation Islamique, des maîtres penseurs innovateurs, ayant été à même de répondre aux exigences du progrès et de l'ouverture de l'Islam, sans faire les concessions dictées, touchant aux fondamentaux et portant préjudice au Système des Valeurs et des Concepts Législatifs de l'Islam. Parmi les pionniers dont il faut s'inspirer et les sources dans lesquelles on doit puiser, afin d'élaborer une Constitution plus au moins viable, on peut citer Ibn Khaldûn et son apport, tant en Sociologie qu'en Histoire, l'Imam Sohnûn, considéré comme une source intarissable, à propos duquel Ashirazi disait:" ...Il acquit une certaine suprématie en matière de Science au Maghreb...Il fut inspirateur. Il peaufina tout un Code pour les gens de Kairouan. Et il s'attela à la propagation des perspectives du savoir Malékite", Asad Ibn Fûrat qui fut enseignant, compilateur et juriste. Et Ibn Shabbat qui fut philologue, théologien etc...
A ceux là, on peut faire allusion aux modernistes, tel que le père de l'Ecole Réformatrice: khéreddine Ettounsi qui prôna la flexibilité de la Législation Islamique, pour qu'elle soit au diapason des mutations de l'époque. Il appela à l'harmonie et l'union entre les férus de la Science et les mordus de la Politique. Ou, en d'autres termes, entre l'élite dans le domaine du Savoir et de la Culture, d'une part. Et les magnats du Pouvoir, d'autre part. Ceci, est d'ailleurs, un créneau auquel s'agrippe l'Europe contemporaine, en vue de redresser ses politiques et ses choix économiques et sociaux. Notre approche serait, du reste, tronquée si l'on occultait le rôle du Cheikh Mohamed Bayrem5 qui s'illustra en tant que juge et journaliste. Il prêcha aussi la réforme de la Législation Islamique. Et il usa d'un grand esprit critique, en ayant procédé à la comparaison entre la situation des pays musulmans et celle des contrées européennes. Il plaida pour la nécessité de se référer aux règles constitutionnelles et d'adopter des considérations rationnelles, dans toute démarche politique. Il exclut le fait que la Religion était la cause de l'hégémonie européenne. Et dit:"la sagesse de leurs dirigeants et l'action de leurs peuples" , expliquèrent leur propension à la Raison, dans la construction de la Civilisation qui fut la leur. Bien entendu, il serait injuste de ne pas citer les pairs de ces Cheikhs, comme: Gbadû, Mohamed Snoussi, Mohamed Nakhli, Abdelaziz Thaalbi, Mohamed Khédhir Hassine ainsi que le duo, père et fils: Mohamed Taharet Mohamed Fadhel ben Achour.
Voyez vous, on a tout un arsenal qui pourra nous faciliter la tâche et nous permettra de nous affranchir d'un juridisme étroit qui sied mal à la Tunisie naissante, issue de la Révolution. Cependant, on est enclins à penser que les pléonasmes et les structures boiteuses de certains Articles de la nouvelle Constitution sont dus à la nature éclectique de la Constituante. Mais cela, ne doit pas justifier les ambivalences qui caractérisent la Constitution de la Troisième République.
Ali ZOUAOUI (Tabarka)
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