Le report des états généraux de l’économie a été annoncé hier, signe de la difficulté de parvenir à une politique consensuelle de la gestion de la crise économique actuelle. L’hydre terroriste était, quelques heures après, à son rendez-vous macabre, se faufilant lâchement la nuit des hauteurs de Kasserine pour aller perpétrer son forfait, en prenant d’assaut le domicile familial du ministre de l’Intérieur, qui a laissé femme et enfants dans sa région natale pour venir à Tunis, répondre à l’appel de la patrie.

Il n’y a peut-être pas de lien direct entre l’ajournement du congrès économique, et la survenue, la soirée même, d’une tragédie terroriste effrayante, mais la concomitance des deux faits en dit long sur l’ampleur des défis qui guettent la Tunisie, illustrés notamment par une conjoncture économique critique et difficilement remédiable, et par une menace terroriste redoutable, toujours prête à semer la mort et la peur.

Notre processus transitoire qui a réalisé des avancées considérables, faisant de la Tunisie la seule expérience prometteuse dans la région, paraît on ne peut plus vulnérable, et le risque d’un déclin, que Dieu nous en préserve, n’est jamais loin. La situation dans notre pays est d’autant plus fragile et sujette aux soubresauts, que le risque d’une dégénérescence sur nos frontières avec la Libye, est très présent, vu le chaos et l’instabilité qui prévalent cette dernière période chez notre voisin du Sud.

L’objectif du terrorisme est connu, il cherche à déstabiliser la Tunisie, et à entraver sa marche vers le parachèvement de sa transition démocratique, à l’heure où le pays entame la préparation de ses élections générales, susceptibles de le faire passer du transitoire au durable, d’y consacrer la démocratie, et la construction des institutions pérennes. La question lancinante qui taraude les esprits : Qui est derrière ces forces maléfiques retranchées sur les Monts de  Kasserine, de chaâmbi, de Salloum, et au-delà ? Qui cherche à semer le trouble en Tunisie et à l’empêcher de terminer son chemin vers un futur meilleur et prospère ?

Certes, le relatif succès des Tunisiens, qui sont parvenus non sans difficultés, à surmonter leurs dissensions, à travers un règlement pacifique de la crise politique, s’étant traduit par l’investiture d’un gouvernement de compétences apolitiques, l’adoption d’une constitution, et la mise en place d’une instance électorale…ne fait pas que des heureux parmi les forces régionales et mondiales qui appréhendent que l’exemple tunisien ne finisse par produire ses effets sur le reste de la région. Pourtant, la Tunisie n’a pas fini de dire qu’elle ne cherche pas à exporter son modèle, et que son souci est d’amorcer sa construction interne et d’avoir des relations cordiales et apaisées avec les pays frères et amis.

La Tunisie est menacée, et semble, à l’heure qu’il est, peu outillée pour cerner l’origine du danger, et les commanditaires de la stratégie de déstabilisation la visant. La seule solution, pour nous autres Tunisiens, est de décréter l’union sacrée, pour faire front à ces plans diaboliques qui cherchent à assombrir notre présent et notre avenir. Soyons soudés devant ces épines du mal, pour que l’on puisse les extirper à la racine. Gardons à l’esprit que plusieurs de nos compatriotes parmi les civils, et les forces sécuritaires et militaires ont payé de leur vie pour l’invulnérabilité de la patrie, et pour que nous vivions. Le seul moyen de ne pas les oublier, et de leur témoigner notre loyauté est d’agir comme un seul Homme face au terrorisme.

H.J.