Les impératifs du nouvel homme politique en Tunisie

Touwensa. (Ali Zouaoui- Tabarka)

Dans quelques jours, la Tunisie bouclera son troisième anniversaire d’un nouvel Etat. Le 17 décembre 2014, marquera la nouvelle ère. Avec le démarrage effectif de l’Assemblée Nationale, nous ne sommes plus dans la transition qui entrera dans les annales, tout comme l’Assemblée constituante.

Cependant, personnellement, au regard des travaux préliminaires de la nouvelle Assemblée, je me sens toujours dans le provisoire. En effet, beaucoup de têtes sont restées sous la coupole.

Ventripotents et joufflus, certains députés ont tout fait pour rester dans le paysage et meubler l’hémicycle. Que l’on soit maudit ! Que l’on essuie une pluie de critiques ! C’est égal. Cela fait partie du jeu. Le pragmatique, à l’état pur, suppose que l’on maitrise ses nerfs, pour arriver à des fins heureuses. A ces virtuoses de la chose publique, nous disons que les députés servent de pont entre les autorités locales et les instances nationales. Ils transmettent le message des régions qu’ils représentent au Parlement, avec zèle et courage. Ils font part des préoccupations de leurs électeurs, en faisant tout ce qui est en leur pouvoir, pour que ces régions prennent leurs parts entières, dans les projets de développement. A ces orfèvres de la politique, nous déclarons qu’il est inconcevable que le député forme son propre clan, dresse ses chiens de garde et relègue au second plan, les intérêt de la région qui l’a propulsé. Il faut aller à la rencontre de la population et ne pas chercher, une fois la bataille électorale gagnée, après avoir réussi, contre vents et marrées à s’affaler sur le siège de l’Assemblée. Le diction : « la fête est finie à dieu le Saint » a son revers. Les privilèges de la députation sont aussi éphémères qu’aléatoires. Les cinq années s’égrènent rapidement. Mais les remords, pour avoir failli aux obligations sont éternels. «La responsabilité est la poésie du devoir » disait un homme de Lettres français. A l’aube de cet anniversaire disais-je, les protagonistes du deuxième tour des élections présidentielles, s’activent. L’un visite les endroits reculés de la Tunisie profonde. Et l’autre, se contente de rester dans la Capitale, de s’arroser avec l’encensoir de l’enceinte de Sidi Belhssan Echadhli et à s’attirer la bénédiction du soufisme. A tout ce beau monde, nous affirmons qu’il est nécessaire que les candidats se mettent dans la peau des gens, pour mieux comprendre ce que la nécessité développera comme propension, chez les humains. Cependant, nous ne faisons pas allusion, uniquement, au besoin matériel. Mais plutôt la pauvreté anthropologique. « La pauvreté de l’Etre et non seulement de l’avoir». Nous leur demandons de respecter la personne humaine. Car au lieu de fouler ce principe aux pieds, mieux vaut donner au petit peuple, le sentiment qu’il existe, que sa valeur telle qu’elle soit, est inaliénable et que sa liberté de conscience n’est pas condamnée. Nos deux candidats savent mieux que quiconque que la Grèce antique a élaboré des règles solides de la vie démocratique. Ils doivent alors tracer les grandes lignes d’une politique où l’on doit prendre les décisions en collège, en tenant compte de toutes les propositions formulées par les administrés, au Nord, au Sud, à l’Est et à l’Ouest de la contrée. Un pays sans faille et sans fracture est justement, celui qui fait de ses membres, des joueurs et non pas des pronostiqueurs. Il faut donner à tout le monde, l’occasion de mettre son petit maillon dans la grande chaine de la créativité humaine. Il faut en finir avec les anciennes habitudes qui ont fait du pays, un scénario de cinéma, où les habitants furent des figurants, mais jamais des acteurs.
 

A écouter quelques responsables de la compagne électorale de nos deux candidats, nous avons l’impression qu’ils aiment la Tunisie, plus que tout au monde. Comme s’ils lui vouaient un amour, quasi incestueux. Quelle gentillesse ! Quelle bravoure ! Pas de circonlocutions et pas de subtilités qui nous avertissent du flou de la pensée ou de l’indécision des sentiments. Ils improvisent avec talent, le contact direct avec le public. Mais attention, ce qui est vrai dans l’art théâtral, l’est aussi dans l’art oratoire. Ces personnes d’obédiences politiques différentes, se lancent des flèches, à travers leurs joutes, sans jamais atteindre les bons objectifs. Ils ne font que se mettre les bâtons dans les roues, au grand mépris des liens sacrés qui doivent unir le peuple d’un même pays. Au début, ils font tous leur apparition grotesque. Ils se font les chantres de l’Unité, de la Fraternité et de la Solidarité. Ils promettent un avenir, des plus radieux. Mais au fil des jours, leurs paroles brodées, demeurent lettres mortes.
 

Ne devraient-ils pas être coupables d’extorsion émotionnelle, pour avoir modifié à leur guise, le balancier de l’Histoire.
 

Enfin, quelque soit l’issue des élections, nous estimons que notre mère Patrie, la Tunisie, a besoin de tous ses enfants en vue d’amorcer le virage délicat de la fin de cette décennie, dans la paix et la cohésion. Il nous incombe de l’aider à jouer pleinement sa carte, dans les perspectives du développement international. Les atouts ainsi que les avantages comparatifs dont elle dispose devront répondre aux exigences de la Mondialisation, pour la placer en bonne position.
 

 

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