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Tunisie - Des étudiants originaires de pays africains subsahariens ont été victimes d'agressions physiques et verbales commises par des Tunisiens à la suite de la défaite, le 31 janvier dernier, de l'équipe nationale de Tunisie face à la Guinée équatoriale en match comptant pour les quarts de finales de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN 2015). Circonstanciel racisme à l'égard des Noirs en Tunisie: héritage culturel ou résultat de circonstance mal digérée.
Ces pratiques racistes ont provoqué des vigoureuses réactions de la part des partis politiques et des organisations de la société civile tunisiens.
Ainsi, le mouvement Ennehdha (courant islamiste et membre du nouveau gouvernement) a publié un communiqué dans lequel il a vigoureusement condamné la violence physique et verbale et le discours raciste dont ont été victimes les étudiants africains 'hôtes de la Tunisie'.
'Ce qui s'est passé est aux antipodes des valeurs de l'Islam et de son esprit basé sur l'égalité, la tolérance et l'action d'honorer l'être humain sans autre considération. L'Islam proscrit le racisme que le Prophète qualifie de ‘’paganisme', a écrit Ennehdha dans son communiqué, ajoutant que 'la Tunisie réaffirme sa fierté de l’appartenance africaine de tous les Tunisiens, continent qu'elle considère comme faisant partie de leur identité'. Pour le mouvement islamiste, l'avenir de la Tunisie est en Afrique.
Il est très regrettable qu'un match de football fasse exploser ce qui était gardé au fin fond de la société tunisienne comme ce racisme envers des personnes qui n'ont rien à voir avec le sport roi ou avec ce qui s'est passé en Guinée équatoriale. Cela constitue aussi un indice inquiétant.
L'étude des livres historiques pour rechercher dans le passé tunisien l'existence du racisme ou la haine envers les Noirs ne donne aucun résultat positif en termes d'événements majeurs qui peuvent justifier une telle attitude, contraire aux enseignements de toutes les religions et les valeurs humaines.
En visitant l'histoire de l'Islam, on découvre que le muezzin officiel du Prophète Mohamed était d'origine éthiopienne et que les premiers musulmans, confrontés à l'oppression des habitants de la Mecque ont reçu l'ordre du Prophète pour se diriger vers l'Afrique, plus précisément l'Ethiopie où ils ont trouvé auprès de l'Empereur et son peuple paix et sécurité.
Même lors de la Révolution 'Zendj' (mot arabe qui désigne les Africains) au IXème siècle, conduite par les Noirs qui travaillaient très durement comme manœuvres agricoles dans les zones marécageuses du Chott-Arab, au Sud de l'Irak sous le règne d'al-Mutawakkil de la dynastie abassite, a vu la participation des Arabes de la basse classe aux côtés des Noirs contre les militaires turcs.
Apparemment, l'occupation du monde arabe par l'empire Ottoman turc a amené avec elle la haine envers les noirs.
Pourtant, malgré cela, l'héritage littéraire arabe comporte de nombreux termes qualifiant le noir d''esclave' et de 'bête'. On peut citer, à cet égard, Antar el-Abassi, le poète de la période prés-islamique, en passant par Bilal, l'Ethiopien, pour terminer avec le gouverneur de l'Egypte Kafour al-Akhchidi, à qui, le poète al-Moutanabbi a réservé différents qualificatifs négatifs.
Cet héritage s'est certainement accentué pendant la période où les commerçants arabes ont pratiqué la traite négrière, de façon timide au début avant les esclavagistes européens ne lui donne une dimension plus importante à travers la traite atlantique.
L’héritage deviendra plus accentué avec la littérature européenne raciste et haineuse envers les Noirs surtout durant le colonialisme.
Si on considère la Tunisie comme faisant partie de cette région arabe, il est difficile de trouver dans son histoire une période précise de l'apparition du phénomène du racisme et la haine envers certaines communautés. Il est même impossible de parler d'une 'race tunisienne pure' pour justifier les pratiques racistes contre les autres.
Depuis de lointains siècles et même avant la naissance de l'Etat sous sa forme moderne, la société tunisienne a toujours été un mélange de communautés, de cultures, avec des Carthaginois, des Barbares, Byzantins, des Arabes, des Africains subsahariens, des Turcs, des Matais, des Andalous, des Juifs et des Européens.
Malgré cette diversité qui ne permet, théoriquement, pas l'existence du phénomène du racisme, la réalité montre que les Noirs ont vécu en marge de la société tunisienne. Leur situation n'a pas trop changé depuis l'abrogation de l'esclavage en Tunisie en 1846 sous le règne d’Ahmed Bacha Bey.
Mais, cette grande réalisation n'a pas été suivie de véritables changements dans les relations sociales et culturelle jusqu'à l'accession de la Tunisie à la souveraineté internationale en 1956 pour que le pays se retrouve sous la direction de personnalités nourries et formées de la culture française et son héritage raciste à l'égard des Africains.
Malgré les tentatives timides de Bourguiba de s'ouvrir à l'Afrique, notamment pendant la conférence constituante de l'Organisation de l'Unité africaine en 1963, et ses différentes visites effectuées dans certains pays ouest-africains, il n'en demeure pas moins que la Tunisie s'est de nouveau rapidement retournée économiquement et culturellement vers l'Europe, tournant le dos à l'Afrique à sud du Sahara.
En Tunisie, la marginalisation des Noirs a toujours été une réalité politiquement et dans les domaines économique, social et médiatique. Ils sont aussi victimes d'une discrimination administrative marquée par des agressions verbales.
Bourguiba a combattu le tribalisme, libéré la femme, assuré l'éducation gratuite et contribué à l'éradication de plusieurs héritages culturels et traditionnels désuets, mais il n'a pas pris en considération, comme c’est le cas pour son successeur, Zéine Abidine Ben Ali, une grande partie des Tunisiens à savoir les noirs.
Ils n'ont pas combattu le racisme à l'égard des Noirs, alors que les systèmes scolaires ne parlent jamais de l'Afrique et de son histoire encore moins de l'appartenance de la Tunisie à ce grand continent.
Les médias tunisiens sont nourris de cette politique qui n'est pas du tout innocente, créant des générations éloignées de leur appartenance et dimension africaines, au moment où l'histoire de la France et la civilisation du colonialiste avec leur cortège de termes racistes occupent l'essentiel de ces systèmes.
Des dizaines de milliers de Noirs tunisiens qui constituent 12% de la population sont souvent victimes d'agressions racistes en s'entendant appeler 'esclave' ou 'Kahlouch' (mot dérivé de Kahel signifiant Noir en Arabe).
Même les écrivains et intellectuel de gauche dont les écrits sont dépourvus de ces termes, n'ont pas combattu, dans leurs programmes politiques, le racisme.
De nombreux intellectuels ont été touchés par la lettre de l'étudiante originaire de l'Afrique au sud du Sahara, Mariem Touré et le témoignage de la Tunisienne noire, Naziha Ouni, qui ont parlé d'agressions verbales dont elles sont souvent victimes en prenant le métro ou le bus à Tunis.
D'autres réalités rappellent certains comportements racistes dans la société tunisienne comme le refus de mariage entre Noirs et Blancs, la société considérant que le Noir ne mérite pas d'épouser une blanche.
Devant cette situation, des personnalités et des organisations de la société civiles ont organisé, en mars dernier, plusieurs marches dénonçant le racisme à l'égard des Noirs. Ces marches se sont déroulées à Djerba, à Gabès et à Tunis.
Lors de ces marches, un appel a été lancé aux organisations de défenses des droits de l'homme de combattre le phénomène du racisme, notamment dans les milieux des médias et de l'éducation.
De son côté, l'Association tunisienne de soutien aux minorités a appelé, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre la discrimination raciale, à la nécessité d’amener la société à proscrire toutes les formes de discrimination raciale, basées soit, sur la couleur de la peau, soit sur le sexe et de croyance religieuse ou philosophique.
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