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Touwensa (Agences). Mokhtar TRIKI
Même si elles sont souvent accusées de nombreux crimes - tueuses d'oiseaux et défigurant le paysage -, les éoliennes viennent d'être innocentées sur un point. Elles n'auront pas d'impact, ou très peu, sur le climat du Vieux Continent.
Le développement de grandes fermes éoliennes pourrait entraîner tout au plus une hausse de 0,3 °C de la température dans les pays du nord de l'Europe et une baisse de même ampleur dans les pays du Sud-Est, du fait d'un très léger renforcement des conditions anticycloniques au cœur de l'Europe. Et encore, il s'agirait d'une hausse minuscule de la pression atmosphérique (0,5 hectopascal au maximum, alors qu'une variation d'un jour à l'autre est de l'ordre de 10 à 20 hectopascal). L'impact des éoliennes serait donc infime sur le climat de la région Europe dans son ensemble. Et bien inférieur aux conséquences des gaz à effet de serre.
Telle est la conclusion d'une recherche conduite pendant un an par le laboratoire des sciences du climat et de l'environnement de Gif-sur-Yvette, publiée mardi dans la revue Nature Communications.
200 gigawatts en 2020
«Pour la première fois, nous avons essayé de construire le modèle le plus réaliste possible sur l'évolution des parcs éoliens en Europe. Nous avons donc pris pour hypothèse les engagements du paquet climat-énergie pour l'Europe en 2020», explique Robert Vautard, chercheur au CNRS qui a conduit ce travail avec des collègues du CEA (Commissariat à l'énergie atomique), de l'Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques) et de l'Enea, un institut italien de recherche. Selon cette hypothèse et les engagements des pays européens en matière d'énergies renouvelables, la puissance installée des éoliennes serait d'environ 200 GW dans l'Union européenne en 2020, contre 100 GW en 2012.
«Nous ne nous sommes pas trop intéressés aux conditions locales, à côté des grands parcs d'éoliennes, où il pourrait y avoir une hausse de la température et un assèchement des sols. Des mesures satellitaires ont indiqué que la température augmente localement quand de grands parcs d'éoliennes sont installés. Car le brassage de l'air empêche la formation d'une pellicule d'air froid au sol durant la nuit. Mais ce mécanisme est déjà connu », ajoute le chercheur. De plus, «la résolution de notre modèle utilisé ne peut pas mesurer les impacts locaux : le territoire européen a été découpé en cube de 50 km de côté et de quelques dizaines de mètres de hauteur», ajoute Robert Vautard. Car l'objectif était de mesurer les effets régionaux des éoliennes en Europe.
Résultat : «En arrivant en Europe, les vents qui soufflent d'ouest en est, seront légèrement fléchis vers la Scandinavie, où la température pourrait augmenter de 0,1 ° C à 0,3 °C, à cause d'un renforcement des conditions anticycloniques. Puis, en redescendant dans le Sud-Est, ces masses d'air, refroidies, auraient un impact négatif compris entre 0,1 et 0,3 °C sur la température. Cela expliquerait une légère baisse des précipitations sur le centre de l'Europe. Mais il s'agit d'une approche statistique et d'une moyenne sur trente ans », admet le chercheur.
D'autres études devront être conduites pour confirmer ce modèle. De plus, ce travail devra être repris si les parcs d'éoliennes s'étoffent plus rapidement que prévu… Mais ce ne sera sans doute pas le cas en France, où le niveau de construction de nouveaux parcs a plutôt tendance à ralentir.
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