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Fidèle à sa stratégie de décentralisation et de diversification effectives de l’offre touristique du pays, Amel Karboul, la sympathique ministre du Tourisme vient de dépoussiérer, dans le cadre du plan des aménagements touristiques pour 2014, deux vieux projets de stations touristiques.
Le premier, à vocation écologique, concerne la valorisation de la zone du Col des ruines (Faj Al Atlel) à Ain Draham (gouvernorat de Jendouba), tandis que le second relève du tourisme culturel. Il porte sur la création d’une station touristique à Sbeitla (site romain de Sufetela).
Annoncé en grande pompe depuis 2009, le projet d’aménagement de Fej Al Atlel n’a pas évolué d’un iota par l’effet du lobbysme et de l’incompétence génétique des dirigeants locaux. Cette belle zone forestière, qui comptait, dans les années quarante, une dizaine de résidences et d’auberges, a été squattée par l’administration centrale à des fins de détente. Bourguiba y avait un petit chalet que Leila Ben Ali avait transformé en véritable palais pour ses proches.
Même Marzouki y a séjourné quelquefois pour mener sa campagne présidentielle pour 2014. Le seul hôtel que l’Etat avait construit dans cette zone en prélude à cette station, en l’occurrence Nour El Ain, a été bradé lors de la vague de privatisation des joyaux de l’Etat et cédé à la chaîne Dar Ismail pour un montant dérisoire (800.000 dinars selon nos informations). Ce même hôtel de 4 étoiles est géré actuellement par la chaîne Golden Tulip.
Fej Al Atlel, un hymne à l’écotourisme
Pour revenir à la station, il s’agit de l’aménagement à des fins touristiques d’une superficie de 50 hectares de forêt donnant vue sur la mer de Tabarka, avec pour composantes 5 hôtels, 4 résidences et 4 centres de loisirs. L’investissement prévu s’élève, selon les indications fournies par le ministère du Tourisme, à 7 MDT intra-muros, et 3 MDT extra-muros sur le budget de l’Etat.
La rentabilité du site est garantie en raison de la spécificité et l’originalité de l’offre qui intéresserait en premier lieu une clientèle dépensière à la recherche d’exotisme, comme les touristes des pays du Golfe.
Une seule crainte: le milieu est très fragile, d’où l’enjeu d’accompagner l’étude de faisabilité technico-économique du projet par une étude d’impact sur l'écosystème.
Pour une renaissance de Sufetela
Le second projet, celui de la création sur un terrain de 40 hectares appartenant aux domaines de l’Etat, d’une station touristique et culturelle à Sbeitla est plus ambitieux du point de vue du nombre de projets. Globalement, ce projet prévoit la création d’un musée, une salle de projection 3D, trois hôtels de charme (150 lits), un manège, un village artisanal pour petits étiers, des habitations individuelles touristiques et collectives, des lotissements destinés à l’animation (restauration, shopping, locaux de loisirs, salons de thé…) et un hôpital universitaire sur 6 hectares.
Des stations structurantes
Par delà les détails, ces projets présentent l’avantage d’avoir en commun une dimension structurante. Ils peuvent, pour peu qu’ils soient réalisés, désenclaver ces zone à la fois si pauvres et si riches.
Et pour ne rien oublier, ces stations, adossées à des aires de repos aménagées comme il se doit, aux postes frontaliers avec l’Algérie, et d’autres installations sportives, peuvent enclencher une dynamique développementale dans ces zones marginalisées à dessein par le lobbysme du balnéaire et ses relais dans l’administration régionaliste centrale.
Les communautés et la société civile d’Ain Draham et de Sbeitla ont un rôle à jouer pour accélérer la réalisation de ces stations. Elles sont particulièrement appelées, d’abord, à prendre conscience des enjeux futurs de ces stations et, ensuite, à mettre la pression sur les autorités régionales pour qu’elles ne ménagent aucun effort pour les mener à terme.
A bon entendeur.
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