Saliha, la mal-aimée !

Mardi prochain, çà sera le centenaire de la diva tunisienne Saliha. Une diva à la voix d’or descendue des hauteurs du Kef, pour chanter et enchanter des générations entières de tunisiens. Saliha au palmarès incroyable, Saliha la grande, Saliha toujours imitée, jamais égalée…

Ce mardi, la Tunisie devrait fêter le centenaire de la naissance de sa Diva. Mais, malheureusement, avec les temps qui courent, rares sont ceux qui se sont rappelé de l’échéance, et rares sont ceux qui ont eu, ne serait-ce qu’une pensée à la défunte.

C’est que les gens commencent à avoir la mémoire courte, et à oublier. A oublier les beaux moments et la belle époque, de la Tunisie qu’on a, pourtant tant aimé. Il faut dire qu’ils sont, quelque part, excusés les tunisiens pour cette défaillance de la mémoire, car il y a de quoi. Le tunisien vit l’enfer. Il le vit même au jour, le jour. Il ne peut même pas prévoir de quoi sera fait demain. Il est obnubilé par ses tracas et par sa misère, au point qu’il en a perdu le goût aux bonnes choses et aux bons souvenirs. Car se rappeler de la belle époque lui est devenu trop pénible, d’autant plus que, quelque part, il culpabilise d’avoir été en partie en cause de cet état de choses.

Mais il n’empêche que pire que l’amnésie du citoyen Lambda, c’est celle du gouvernement et surtout du ministère de la culture, qui est impardonnable et cruelle, aussi bien pour la mémoire de Saliha que pour la mémoire nationale.

Qu’a-t-elle donc fait, Saliha, pour avoir mérité d’être jetée aux oubliettes ? Elle n’a certainement rien fait de mal… Sauf peut-être que pour certaines âmes malades, elle a incarné à une certaine période la femme tunisienne libérée et rebelle, la femme insoumise qui continue de hanter de nos jours, leurs pires cauchemars.

Qu’à cela ne tienne, bientôt le tunisien reprendra sa joie de vivre et son amour des belles choses. Il saura se faire pardonner par la famille de la Grande diva Saliha. Et à ce moment là, ce seront d’autres individus qui seront jetés aux oubliettes, sans pour autant que le peuple ne les oublie. Il se rappellera toujours de leur passage sur terre, comme de la période la plus sombre et la plus vile de l’histoire de la nation.

 

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