Cinéma : les 10 meilleurs films de l'année 2013

1. Spring Breakers (Harmony Korine)

La bombe de l’année, signée Korine, docteur ès trash. Une fable hyper grinçante sur la violence qui sous-tend le monde contemporain, du fonctionnalisme déshumanisant au rapport à l’argent, autrefois objet, maintenant devenu sujet. La mise en scène ludique, style jeu vidéo, emprisonne encore davantage les personnages dans une existence circulaire dont ils ne peuvent se sortir.

 

2. Like Someone in Love (Abbas Kiarostami)
 

Avec ses ballades en voiture et ses personnages aux contours indéfinis, Kiarostami travaille ici les mêmes matériaux que ses films précédents, et pour y exploiter les mêmes thèmes. Identités, faux-semblants, rôles sociaux; le jeu des contraires s’articule ici autour de deux blocs de solitude qui s’entrechoquent dans une tendresse indélébile.

3. Gravity (Alfonso Cuarón)

Rarement la dépression n’aura été mise en scène en d’aussi belles et puissantes images. Bullock est bouleversante, et Clooney retrouve enfin un rôle taillé sur mesure pour lui, où il peut cabotiner à sa guise. Quand la forme épouse le fond avec autant de grâce, on se retrouve devant un petit chef-d’œuvre comme Gravity.

4. Upstream Color (Shane Carruth)

Après le choc Primer (2004), l’omnipotent Carruth – mathématicien et ingénieur de formation – nous revient avec cet Upstream Color, qui ne saurait être résumé en quelques lignes au dos d’un DVD. Encore une fois agissant en tant que producteur, scénariste, réalisateur, monteur, compositeur et acteur, Carruth nous sert ici un je-ne-sais-trop-quoi qui, une chose est certaine, nous tient bouleversés plusieurs jours après l’écoute et toujours à la recherche de réponses des mois après.

5. L’Inconnu du lac (Alain Giraudie)

Véritable Palme d’or queer du Festival de Cannes, Giraudie nous offre ici un huis-clos oppressant tapissé de scènes homosexuelles très crues, sans pourtant tomber dans l’étude de cas à 5¢ comme chez Kechiche (La Vie d’Adèle). Et nous rappelle ainsi que la pulsion sexuelle peut être source de vie, évidemment, mais également de mort…

6. To the Wonder (Terrence Malick)

Déjà maintes fois mise en scène au cinéma, que ce soit chez Godard ou Mendès par exemple, rarement toutefois la banlieue aura-e-elle été dépeinte avec autant de mélancolie que chez Malick, qui en fait un dispositif mortifère en soi. L’excroissance parfaite à son Tree of Life, lauréat de la Palme d’or en 2011.

7. Inside Llewyn Davis (Joel & Ethan Coen)

Quelle place pour l’artiste à l’intérieur de structures qui l’oppriment? Quelle place pour l’iconoclaste dans un monde lisse et pré-formaté? Questions déjà soulevées par les frères Coen dans deux de leurs plus grandes œuvres, Barton Fink et The Big Lebowski. Ils récidivent ici de belle manière avec une œuvre qui ressasse l’habituelle nostalgie qui teinte chacun de leurs films.

8. Jagten – The Hunt (Thomas Vinterberg)

Toujours en phase avec le reste de son œuvre, Vinterberg signe ici une étude sur les racines de la violence dans les sociétés traditionnelles scandinaves. Très solide, sans être aussi magistral que son Festen – The Celebration. Mads Mikkelsen est sublime, comme toujours.

9. Captain Phillips (Paul Greengrass)

Le nouveau maître du thriller hollywoodien frappe encore fort, et de manière on ne peut plus subversive, utilisant les codes traditionnels propres aux grands studios et l’image de star de Tom Hanks pour partir à la rencontre de l’Autre et s’ouvrir à l’altérité, mordant ainsi allègrement la main – conservatrice – qui le nourrit.

10. Ex-aequo

Eldfjall (Rúnar Rúnarsson)

À travers le personnage de Hannes, c’est en réalité le cheminement expiatoire post-Seconde Guerre mondiale de la Scandinavie qu’on suit tout au long de cette œuvre. Mais l’ouverture tardive à l’autre sera-t-elle suffisante pour…étouffer le passé, et avec lui les vieux démons?

Frances Ha (Noah Baumbach)

Séduisant objet que ce Frances Ha, où Baumbach travaille le malaise à travers les corps, autant cinématographiques qu’humains. Ici, le noir et blanc et les petits espaces renfermés traduisent joliment en image l’éparpillement physique et existentiel de Frances, prise dans un corps à la fois trop grand et trop petit pour elle.

Frédérik Pesenti

 

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