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On a assisté hier après-midi à une pièce de théâtre, jouée à la Maison de la Culture, à Tabarka, intitulée: "Am Salah". Sur une scène modeste, sobrement éclairée, deux acteurs ont excellé dans une sorte de joutes oratoires, dans un langage accessible à tous.
La pièce, met en relief, le désarroi d'un intellectuel en pleine perdition, rongé par des souvenirs qui le rongent et le dérangent. A travers le personnage de Mansour, le jeune homme, en verve et en effervescence, s'évertue à réaliser ses vœux, les plus chers. Il tente de donner une résonance à ses rêves, les plus fous. En étouffant ses déboires, il cherche à s'émanciper de ses peurs et à donner un sens à son existence, en lambeaux. En face de lui, am salah, un homme qui incarne la sagesse, l'invite à la pondération. Il l'aide à trouver son itinéraire. Il semble mûri par les tribulations de la vie. Et il donne l'impression d'avoir saisi le chemin sinueux d'une existence parsemée d'embûches et de déconvenues. Le public éclectique a suivi avec attention le découpage de la pièce, la synchronisation des mouvements et les temps forts des messages, applaudis à réitérées reprises. Chemin faisant, la révolution a lieu. C'est le point culminant de cette pièce. Apportera t-elle des solutions? Mettre t-elle fin aux pérégrinations? A suivre et à méditer!
Il est d'aveu que la mise en scène, sous la houlette de notre ami Houcine Amamri, était excellente. Ce jeune professeur, a tissé en filigrane les fils de cette pièce, simple en apparence. Mais, riche en thématiques et en symboles. Chaque vocable avait son importance et donnait libre cours à une foule d'interprétations. Une pièce où les mots se distillaient à profusion et occultaient, même, les mouvements. Oui, les mots! Comme si on était appelés à méditer ce que disait Lorand Gaspard:"Je n'ai rien fait d'autre qu'essayer dans les mots, d'accueillir la rumeur d'une respiration, quelque chose de cette fluidité qui innerve les corps et les choses les plus obscurs, en apparence. Et si les mots s'avèrent parfois impuissants à communiquer un moment de vraie vie, à faire partager ce qui nous est apparu, comme une connaissance vive, puissent-ils du moins, témoigner d'un immense désir de lumière partageable." Et dieu sait, les lueurs dont nous avons besoin aujourd'hui! Encore bravo, pour le metteur en scène et pour ceux qui lui ont prêté leurs concours, en ce qui concerne les aspects techniques!
Sur ces entrefaites, la pièce s'est déroulée sous l’œil attentif du doyen du théâtre à Tabarka, en la personne de Bouraoui Nasri. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce Monsieur était le pionnier de cet art. Il a monté sa première pièce à la Basilique, en mettant en scène une oeuvre de l'écrivain algérien: Kateb Yacine. Et à laquelle avait assisté le défunt président Bourguiba, en villégiature, à Hammam Bourguiba à l’époque (fin des années 60). Cette pièce a retenu toute son attention et lui a permis de faire quelques commentaires, en incitant le jeune metteur en scène, à adapter des pièces de Molière.
Enfin, je suggère que la jeune équipe de notre ami H. Amamari, puise dans l'expérience du vétéran B. Nasri. Ainsi, de belles perspectives s'offriront-elles à cet art noble et didactique, qui adoucira les mœurs et ouvrira les esprits.
Ali ZOUAOUI
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