Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert, Edouard Baer... Les Beaumarchais 2014

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Sous l'œil bienveillant de Figaro, ambiance chaleureuse et spontanée pour la troisième édition des récompenses théâtrales du quotidien dont le slogan demeure: «Sans la liberté de blâmer il n'est point d'éloge flatteur».

La ponctualité est la politesse des reines: Emmanuelle Riva arrive à l'heure pile pour le début de la cérémonie. Isabelle Huppert la suit de près. Dans l'atrium du Figaro, 14 boulevard Haussman, où la statue du célèbre personnage trône avec sa guitare au milieu de l'assemblée, l'atmosphère est théâtrale.
 

Les deux grandes comédiennes saluent tous les critiques et les agents qui se sont donnés rendez-vous ce soir pour la troisième édition des Beaumarchais. Pas de Beaumarchais sans Chérubin: Jean-Baptiste Maunier et François Deblock se mêlent à la fête. En attendant les discours d'ouverture du directeur des rédactions Alexis Brezet, les premières conversations fusent et les coupes de champagne s'entrechoquent.
 

Alexis Brezet prend la parole et redéfinit le caractère original des récompenses figaresques: ici on donne la parole aux Internautes et aux doctes critiques, comme le définira plus tard, l'héritier de Beaumarchais, président du jury Jean-Pierre de Beaumarchais.
 

«Si, comme le souligne notre directeur, nos Beaumarchais donnent des ailes à nos lauréats, c'est parce qu'ils sont le fruit de débats enflammés.» Puis, il cède la parole à Bertrand de Saint Vincent, le maître de cérémonie qui promet un discours court et percurtant: «Le théâtre est partout aujourd'hui. Chacun joue la comédie. Et cela en devient tragique. C'est pourquoi nous, au Figaro, nous tenons à récompenser de vrais professionnels de la comédie.»
 

Après cette conclusion spirituelle, le moment tant attendu des récompenses est annoncé. Chaque juré à son tour monte sur l'estrade pour remettre les statuettes. C'est Jean-Luc Jeneer qui couronne les deux Chérubins 2014. Les Internautes ont choisi Jean-Baptise Maunier, le jeune «choriste» a bien grandi. Il est timide mais visiblement heureux d'avoir été choisi, élu même par la majorité des Internautes du Figaro. Son sourire discret a du mal à dissimuler sa joie.
 

François Deblock, préféré du jury est un vrai Chérubin 2.0: il a préparé un discours qu'il lit directement depuis son Smartphone. Son humour parvient à mélanger Beaumarchais, la devise du journal, La Fontaine avec la fable du Corbeau et du Renard, le tout mixé au slogan du célèbre club de football de Liverpool: «You will never walk alone».Il explique son audace en comparant les coulisses d'un théâtre à l'organisation d'un club de foot: «Merci le coach, mercie les femmes des joueurs, merci les soigneurs...»
 

«Pour jouer Marivaux, il faut jouer que l'on joue»
 

C'est Laëtitia Cénac qui remet les prix de la meilleure comédienne. Les Internautes ont choisi Isabelle Huppert. La grande actrice, maintes fois récompensée, cite Jouvet: «Pour jouer Marivaux, il faut jouer que l'on joue». Et modeste, elle ajoute en rendant hommage à son metteur en scène Luc Bondy : «Je crois qu'on n'est rien sans les metteurs en scène».
 

Puis, au nom d'Emmanuelle Riva appelée sur scène pour recevoir le prix du jury de la meilleure comédienne, les applaudissements crépitent durant de longues minutes. À l'instar d'Isabelle Huppert, son talent cultive la modestie: «Vous avez distingué quelqu'un qui, peut être, n'aurait pas déçu Marguerite Duras. L'actrice d'Amour entretient une relation privilégiée avec la grande écrivaine, puisqu'en 1959 dans Hiroshima mon amour d'Alain Resnais, c'est Marguerite Duras qui avait signé les dialogues.
 

Puis c'est le juré Étienne Sorin qui monte sur l'estrade pour remettre le Beaumarchais du meilleur comédien à Édouard Baer. L'acteur a fait une véritable performance. Les Internautes et les membres du jury sont tombés d'accord: c'est lui le Beaumarchais 2014. Décontracté, tout souriant, il remercie tout le monde, comme tout homme de théâtre qui se respecte, en dédaignant les deux micros qui sont à sa portée. Il mesure le chemin parcouru: «Je suis ici au Figaro, mais j'ai commencé par le théâtre de rue...»
 

Enfin, en remettant le prix du jury pour le meilleur spectacle, Armelle Héliot et Philippe Tesson couronnent La Bonne âme de Se-Tchouan de Bertold Brecht, mis en scène par Jean Bellorini, et Henry VI de Shakespeare mis en scène par Thomas Jolly. À la splendeur de l'âge d'Emmanuelle Riva répond le charme de la jeunesse de Jean Bellorini, ainsi que le talent 2.0 du Chérubin du Figaro François Deblock.
 

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