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Le cinéaste américain Richard Sarafian s'est éteint ce mercredi à l'âge de 83 ans. On lui doit quelques films marquants, notamment le très culte Point Limite Zero.
Cinéaste méconnu et mésestimé, issu de la génération du Nouvel Hollywood (les "glorieuses" années 70), Richard Sarafian a beaucoup réalisé pour la télévision dans les années 60, aux commandes de séries comme Maverick, La Quatrième dimension ou encore Les Mystères de l'Ouest. Il a aussi dirigé Sean Connery dans The Next Man, Farrah Fawcett dans Coup de soleil, Burt Reynolds dans Le Fantôme de Cat Dancing.
Beaucoup le connaissaient pour le vigilante Eye of the tiger (pas ce qu'il a fait de mieux, on est d'accord) ou encore le western Le Convoi Sauvage avec John Huston (trop méconnu). D'autres, encore, se souviennent, parce qu'ils ne l'ont pas oublié, de son plus beau film et de l'un de ses grands succès, Vanishing Point/Point Limite Zero. Sarafian montre un homme, seul face à l'immensité des grands espaces américains et confronté à la mort. Ce sera son sujet de prédilection, sur presque tous ses films, notamment ceux des années 70 (Le convoi sauvage, tourné au même moment).
Au cœur de ce Point Limite Zero: Kowalski. Un ancien flic et ancien pilote de course, aujourd'hui livreur de voitures. Rongé par la solitude et la tristesse. Qui décide de relever un défi : rejoindre San Francisco à partir de Denver en 15 heures avec une Dodge Challenger. La police ne tarde pas à le rattraper. Nouvelle histoire de Bip-bip et du Coyote.
Le road-movie est un genre qui réapparaît souvent en période de grands bouleversements, et donc de grandes incertitudes. L'errance est censée y symboliser la recherche des réponses que les personnages pensent trouver toujours plus loin devant eux parce qu'ils n'ont rien à attendre de ce qu'ils laissent derrière. Dans les années 60/70, on en compte des tonnes, de Easy Rider à Macadam à deux voies. Point Limite Zero (également connu sous le titre US Vanishing Point) appartient à cette veine-là, tentée par la mélancolie (avancer, toujours avancer pour ne pas mourir).
Le prix de la liberté
On y voyait un antihéros dans sa Dodge Challenger au cœur de poursuites, contemplant l'Amérique, sa richesse et ses paysages (du Colorado au Nevada en passant par le désert de la Vallée de la Mort), ses personnages bons comme mauvais. Des hommes et des femmes, représentatifs des Etats-Unis à la fin des sixties (bikers hippies, animateur de radio black et aveugle baptisé Super Soul...). Au bout du compte, Kowalski devenait un symbole de contre-culture, acquérant le statut de l'homme libre qui s'affranchit du quotidien, des conventions sociales et de son passé sous-tendu à travers des flash-backs, assez ratés - seules ombres du film). Un leurre, évidemment. Sarafian montrait aussi le prix de cette liberté et l'envers du décor : le mal-être intérieur et la solitude consumant du dedans.
Ceux qui aiment l'examen de l'âme au cinéma doivent le découvrir. On y retrouve toute la thématique de l'âme perdue et inconsolable chère à Antonioni, avec le même recours aux silences pour exprimer les maux intérieurs. Richard Sarafian allait même jusqu'à prendre des éléments du western dans les cadrages pour souligner la détresse et la sensation de perte (magnifique boulot du chef-op John Alonzo).
Comme Vincent Gallo sortait du cadre avec sa moto pour finalement revenir à nous dans Brown Bunny, ici, l'antihéros s'échappait d'un arrêt sur image. Personnage inapprivoisable, incontrôlable, tourmenté, il était typiquement MonteHellmanien dans sa démarche et sa façon d'être (brûler silencieusement sa vie par les deux bouts). Bref, digne d'être dans Macadam à deux voies ! Source d'inspiration pour George Miller (Mad Max), Gus Van Sant et Larry Clark, Point Limite Zero s'impose comme un must-see pour quiconque considère le cinéma comme expérience offensive et sensorielle. Quentin Tarantino s'en est beaucoup inspiré pour Boulevard de la mort, le citant d'ailleurs au détour d'un dialogue.
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