La thérapie comportementale contre l'insomnie

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

D'autres solutions que les médicaments peuvent aider les insomniaques sévères.

Soigner l'insomnie avec des thérapies comportementales permettrait de réduire significativement le coût, pour la société, de ce mal chronique. Une étude parue dans le Journal of Clinical Sleep Medicine montre qu'un pourcentage élevé d'insomniaques sévères répond à ce traitement, qui apporte des améliorations rapides et engendre, de ce fait, une diminution des frais de santé.
 

«Il est bien établi que les insomniaques coûtent plus cher que les bons dormeurs», rappellent les chercheurs américains (université de Floride). Aux États-Unis, les coûts directs de l'insomnie -somnifères et autres traitements - ont été estimés pour un adulte à plus de 1100 dollars sur une période de six mois. Un montant auquel les scientifiques ajoutent les coûts indirects: absentéisme au travail, perte de productivité, accidents, errance médicale, amplification d'autres pathologies, etc.
 

Le diagnostic d'insomnie chronique est posé dès lors qu'un patient éprouve des difficultés à s'endormir ou à maintenir son sommeil au moins trois fois par semaine pendant plus de trois mois. «Le premier critère est subjectif: les insomniaques se plaignent de souffrir de fatigue dans la journée», précise Benjamin Putois, psychologue et professeur à l'université de Lausanne. Selon la Haute autorité de santé (HAS), 9 à 13 % des Français déclarent des troubles du sommeil entraînant des séquelles diurnes.
 

«Rumination mentale»
 

Si le recours aux médicaments hypnotiques ou anxiolytiques est souvent privilégié, leur efficacité limitée à long terme et leurs effets indésirables ont conduit la HAS à recommander une utilisation accrue des thérapies cognitives et comportementales (TCC) dans le traitement de l'insomnie chronique. «Cette prise en charge a fait la preuve de son efficacité», plaide le Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre et présidente du réseau Morphée, qui constate une baisse de la consommation de somnifères chez les patients qui en bénéficient.
 

«Le principe de la TCC consiste à induire un changement des habitudes liées au sommeil, en amenant le patient à prendre conscience de ses mauvais réflexes, indique Benjamin Putois. La tentation de passer de longues plages de temps au lit en train de chercher le sommeil doit par exemple être combattue, car elle favorise la rumination mentale.» «Les insomniaques passent trop de temps au lit sans dormir, complète le Dr Royant-Parola. Ils doivent apprendre à repérer le moment où la fatigue arrive et se forcer à se lever dès qu'ils sont réveillés, même si c'est en pleine nuit.» Les siestes de plus de 30 minutes sont aussi à éviter.
 

Personnalisée, la thérapie s'appuie sur un «agenda du sommeil» où le patient consigne le rythme de ses réveils et de ses endormissements, pendant deux semaines, afin de mettre en lumière les comportements qui entretiennent l'insomnie. Elle vise aussi à déconstruire les «fausses croyances» et à dédramatiser cette maladie. «Certains patients, décrit Benjamin Putois, sont convaincus que leur insomnie risque d'entraîner des conséquences graves sur leur santé, se plongeant dans des états d'anxiété qui aggravent le problème.»
 

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