Le cancer du col de l’utérus mieux dépisté

Dépistage plus efficace, moins fréquent et moins coûteux. Le test HPV ne manque pas d’atouts. Il devrait bientôt remplacer le frottis du col de l’utérus.

Le cancer du col de l’utérus est le 12e cancer en fréquence chez les femmes (2,1%): 623 cas ont été recensés en 2011. Le taux de guérison est élevé s’il est détecté à temps. D’où l’importance de se faire dépister régulièrement. Un message bien reçu seulement par 60% des femmes âgées de 25 à 64 ans.

HPV comme papillomavirus humain

Le test HPV devrait remplacer le frottis du col (appelé Pap-test) sur recommandation du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) et de l’Institut scientifique de santé publique (ISP).

Petit rappel: il existe un lien de cause à effet entre le cancer du col de l’utérus et la présence du papillomavirus (HPV), une infection transmise par voie sexuelle. La plupart du temps, celle-ci est banale et disparaît spontanément mais chez un petit nombre de femmes, elle peut s’installer durablement. Il faut en moyenne 10 à 15 ans avant qu’un cancer invasif ne se développe.

Le dépistage actuel consiste pour le gynécologue ou le médecin généraliste à faire un frottis du col pour détecter, après analyse, la présence éventuelle de cellules précancéreuses. Remplacer le frottis par le test HPV n’est pas en soi une révolution, ce dernier étant déjà utilisé en seconde ligne quand le résultat du frottis est atypique.

Pratiquement, cela ne change rien pour la femme. C’est au labo que se marque la différence: les cellules prélevées ne sont plus analysées au microscope, on procède à un test moléculaire pour détecter la présence du virus. Bien avant l’apparition des cellules précancéreuses, donc.

Gain de vies, de temps et d’argent

Étude à l’appui, KCE et ISP démontrent que les femmes sont mieux protégées contre les cancers invasifs lorsque le test HPV est utilisé en première ligne. «Pour 100 000 femmes dépistées avec le test HPV, on éviterait 240 cas de cancers supplémentaires et 96 décès », argumente le Dr Marc Arbyn, épidémiologiste spécialisé dans le cancer à l’ISP.

Et puisqu’il est plus efficace, on pourrait, en toute sécurité, allonger le délai entre deux dépistages: cinq ans au lieu des trois ans actuellement préconisés.

Gain de temps mais aussi d’argent: moins de tests, moins de cancers à traiter et une solide économie à la clé. Près de 15 millions d’euros sur la durée de vie de 100 000 femmes selon les projections du KCE! «Et si on utilise le test HPV en première ligne, on va avoir un effet de volume qui va faire baisser le prix unitaire du test », explique le Dr Arbyn.

Se faire dépister même si on est vaccinée

Les femmes vaccinées contre le papillomavirus doivent aussi se faire dépister. Pour deux raisons. «Il existe une bonne dizaine d’autres HPV que ceux présents dans le vaccin. Et parce qu’on ne connaît pas, aujourd’hui, la durée réelle de protection du vaccin », précise l’épidémiologiste.

Dernière précision, ce test est déconseillé aux femmes âgées de moins de 30 ans car elles sont sujettes à des infections plus fréquentes mais généralement passagères. Un test positif génère de l’angoisse et parfois un traitement superflu qui n’est pas sans conséquences. «Les femmes qui ont subi une petite chirurgie au niveau du col risquent d’accoucher prématurément si elles tombent enceintes après l’intervention . Pour les moins de 30 ans, le frottis reste d’application».

 

 

 

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Dernière modification le mercredi, 21 janvier 2015 07:41