Photographies de Mira Nedyalkova ou la beauté immergée

La découverte de corps plongés dans l’eau, de femmes suspendues dans cet espace baigné de feuilles, de racines, de fleurs et de sang, laisse une impression pour le moins troublante. On est saisi par tant d’esthétisme et on ne peut se défaire de la dimension inquiétante de ces images.

La photographe Mira Nedyalkova compose des univers aquatiques où les corps semblent endormis quand ils ne perdent pas la vie. L’air et le sang remontent à la surface, tandis que ces femmes aussi belles soient-elles, gagnent les profondeurs. Pourtant, l’artiste bulgare se défend de présenter un quelconque élan mortuaire : la pulsion de vie s’exprime autant par la beauté que par la douleur, semble-t-elle, nous dire. Et l’eau devient l’élément qui connecte les pulsions pour constituer l’essence même de la beauté de la vie. Certaines séries de photos viennent corroborer les propos de l’artiste en rompant cette impression d’irrémédiable enfouissement, en laissant le corps dans un entre-deux, le corps assailli de désirs se livrer au calme absolu, le corps accueillir un au-delà de l’être.

La photographe Mira Nedyalkova compose des univers aquatiques où les corps semblent endormis quand ils ne perdent pas la vie. L’air et le sang remontent à la surface, tandis que ces femmes aussi belles soient-elles, gagnent les profondeurs. Pourtant, l’artiste bulgare se défend(1) de présenter un quelconque élan mortuaire : la pulsion de vie s’exprime autant par la beauté que par la douleur, semble-t-elle, nous dire. Et l’eau devient l’élément qui connecte les pulsions pour constituer l’essence même de la beauté de la vie. Certaines séries de photos viennent corroborer les propos de l’artiste en rompant cette impression d’irrémédiable enfouissement, en laissant le corps dans un entre-deux, le corps assailli de désirs se livrer au calme absolu, le corps accueillir un au-delà de l’être.

On songe, dans ces images, à la blanche Ophélie flottant tel « un grand lys sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles », comme l’écrit Rimbaud. Cette triste Ophélie qui dérive en murmurant sa folle romance auprès d’un cœur qui ne l’entend plus, hante les eaux de Mira Nedyalkova. Difficile dès lors, de ne pas voir le motif du suicide à travers cette dimension ophélisante, tant les cordes sont nombreuses, tant les corps sur les berges paraissent inertes, tant le sang qui s’écoule souligne la vie qui s’évanouit. Les représentations picturales de la mort d’Ophélie ont inévitablement inspiré l’artiste qui tend d’ailleurs à transformer ses photos en véritables peintures.

Mais la mort, aussi prégnante soit-elle, n’est pas donnée à voir dans sa morbidité, elle gît dénudée, à demi couverte d’une robe blanche et fixe l’érotisme dans l’effacement de la pression des regards, l’effacement des désirs ardents et de la sollicitation humaine. Virginia Wolf se glisse-t-elle entre ces femmes ? On croirait l’y voir plonger dans cette aspiration à la splendeur des profondeurs, dans la modulation des ondes pulsionnelles où les mots s’échappent dans l’absence.

Le travail sur l’espace et les robes, la recomposition picturale, font des photos de Mira Nedyalkova, une œuvre investie des sentiments les plus intenses, une réalisation où l’eau, source primitive, confond ténèbres et lumières, vie et nuit originelle.

 

 

 

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