«Ma grande fierté est de défiler dans mon pays, d’être la première femme à le faire et d’être bien accueillie», affirme Rafeea qui dit être devenue mannequin par hasard. Passionnée d’art, de poésie et de mode, elle a d’abord présenté une émission à la télévision d’Abou Dhabi où elle recevait des créateurs du Moyen-Orient. Ce sont eux qui l’ont encouragée à monter sur scène puis à défiler à l'Arab Fashion Week à Dubaï.  

 
La tradition d’abord

Mais si les Emirats arabes unis sont considérés comme modernes, la société de ce pays musulman du Golfe reste conservatrice et attachée aux traditions. Rafeea commence par présenter des abayas (longue robe traditionnelle) pendant des années avant de défiler en tenue occidentale. «Je l’ai fait progressivement, il y a eu quelques critiques, certains avaient peur que je ne dépasse les limites, que je donne une mauvaise image de la femme arabe ou de mon pays», précise Rafeea qui tient à respecter la mentalité.
 
Des restrictions liés à la culture

Heureuse de son succès, Rafeea affirme qu’il est très difficile pour elle de faire carrière sur le plan international. «Si j’étais un mannequin ordinaire, j’aurais peut-être eu ma chance mais je fais très attention à mes tenues, je respecte les restrictions liées à ma culture et je refuse de défiler si les vêtements sont très moulants ou très décolletés, c’est une ligne rouge à ne pas franchir.» Un peu de frustration mais aucune amertume pour la jeune Emiratie qui se considère chanceuse de pouvoir exercer le métier qu’elle aime.La patience, une clé pour progresser.

Interrogée sur les droits des femmes arabes face à la montée de l’intégrisme, Rafeea esquive la question et préfère voir les avancées enregistrées ces dernières années dans son pays. «Les Emirats vont de l’avant, progressent et donnent une place à la femme.»

La mannequin émiratie se veut très respectueuse des traditions de la société, ne parle pas de combat féministe et se garde bien de toute critique sur les codes d’une société conservatrice. Elle refuse tout étiquette féministe à l’occidentale. « Il n'y a pas de combat à faire, les choses évoluent progressivement, la sociéte et les mentalités s'ouvrent tout doucement. La clé du progrès, c’est la patience», précise Rafeea qui a attendu 8 ans pour devenir top model.