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L’économie des frontières offre un véritable cas d’école entre la Tunisie et la Libye. Tout y passe, selon la loi du marché, en termes d’offres et de demandes, mais aussi de prix et de cours des monnaies. Chaque jour, pas moins de trois mille passagers et des centaines de véhicules traversent les frontières dans les deux sens. Entre petites voitures, camionnettes et gros camions, des flux d’échanges continus se trouvent parfois bloqués par la fermeture des postes frontaliers, le plus souvent du côté libyen. Parfois aussi, en raison du manque de sécurité, ce sont les autorités tunisiennes qui décident la fermeture de leur côté.
Le contrôle douanier n’est pas toujours le plus rigoureux. En visite surprise à Ras Jedir, le chef du gouvernement, Mehdi Jomaa, avait découvert que le scanner de contrôle des camions ne fonctionnait pas depuis des mois. Tout récemment, 70 camions étaient entrés sans contrôle. Mais, tous ces ratages ne représentent que la partie apparente de l’iceberg, en comparaison de l’ampleur du trafic contrebandier, encore difficile à endiguer.
Au gré de la sécurité
Les chiffres officiels ne sont alors qu’indicatifs par rapport à l’ensemble des échanges commerciaux entre les deux pays. Depuis 2010 et jusqu’à la fin 2013, les exportations tunisiennes vers la Libye ont connu une évolution constante. Elles ont atteint en 2013 plus de 1.404 millions de dinars contre 1.049 millions de dinars en 2010. Durant les cinq premiers mois de 2014, elles ont atteint 487,4 MDT alors qu’elles étaient de l’ordre de 656,2 MDT durant la même période de 2013. Cette baisse notable est due au climat d’instabilité et d’insécurité en Libye.
Ces échanges ne prennent pas en compte le commerce informel de part et d’autre. Des camionnettes chargées de légumes, de fruits, de poissons ou d’autres denrées approvisionnent les marchés libyens à longueur d’année. Elles rentrent pleines de produits de toute nature qui arrivent dans les ports libyens de Chine ou d’ailleurs. Ainsi que parfois de produits de l’agriculture libyenne quand ils sont pléthoriques et donc moins chers de l’autre côté de la frontière. Sans parler de la contrebande qui générerait jusqu’à 1 milliard de dinars par an dans le commerce parallèle.
Quant aux investissements libyens en Tunisie, on recense 65 entreprises mixtes tuniso-libyennes dont 19 sont destinées totalement à l’exportation. Ces entreprises touchent les secteurs des industries des matériaux de construction, de l’agroalimentaire et de l’électronique. Ces projets mixtes sont appelés à augmenter sensiblement car de plus en plus d’hommes d’affaires libyens, se rendant compte que leur séjour en Tunisie sera de longue durée, lancent des joint-ventures avec des partenaires tunisiens ou étrangers.
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