Orages sur la Côte d'Azur : les raisons de la catastrophe

By www.touwensa.net octobre 05, 2015 439

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Des pluies torrentielles ont causé la mort d'au moins 17 personnes et fait 4 disparus samedi soir entre Mandelieu-la-Napoule et Nice.

Après le drame, le temps du bilan et des questions. C'est une Côte d'Azur endeuillée et défigurée qui s'est réveillée dimanche après le passage, dans la nuit, d'intempéries d'une violence sans précédent dans la région. Les pluies torrentielles qui se sont abattues entre Mandelieu-la-Napoule et Nice dans les Alpes-Maritimes ont provoqué la mort d'au moins 17 personnes, quatre personnes étant portées disparues hier en fin d'après-midi.
 

Partout des visages hébétés et des yeux embués de larmes dans les rues des villes touchées par l'orage qui s'est déchaîné sur des zones urbanisées. Selon les bulletins météo, celui-ci était attendu en fin d'après-midi ce samedi pour finalement arriver dans la soirée, s'abattant avec une violence inouïe sur un secteur plus concentré que prévu. Selon Sébastien Humbert, sous-préfet dans le département, le périmètre le plus touché se situe sur une bande de 15 km environ entre Mandelieu-la-Napoule et Antibes.
 

«Ce qui s'est produit est inédit», souligne le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes et député (Les Républicains), Éric Ciotti. En l'espace de quelques heures, les trombes d'eau qui sont tombées ont atteint des niveaux exceptionnels. 195 mm d'eau ont été relevés à Cannes samedi, 178 mm à Mandelieu-la-Napoule, 100 mm à Valbonne et même 200 mm à Biot, soit l'équivalent de deux mois de pluie. Ce déluge a entraîné diverse crues. Les eaux de la Brague près de Biot ou encore du Riou à Mandelieu ont envahi tout ce qui était à leur portée, dévastant garages, parkings, magasins, maisons et campings.
 

Prisonniers des flots
 

Dans ce département où s'est rendu le président de la République, François Hollande, au côté de son ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, des scènes dramatiques sont ainsi relatées. Une famille de trois personnes a péri dans une voiture coincée dans un tunnel à Vallauris, trois résidents d'une maison de retraite sont morts à Biot, à Cannes deux passants sont décédés dans des rues inondées, une personne aussi a trouvé la mort dans un camping à Antibes. Mais c'est à Mandelieu-la-Napoule que l'on compte le plus grand nombre de victimes. Des lames d'eau ont surpris les habitants de plusieurs résidences dont certains sont descendus dans les parkings souterrains pour mettre à l'abri leurs véhicules. Prisonniers des flots, sept d'entre eux n'ont pas survécu. Au total, ce sont aussi 230 personnes qui sont aujourd'hui hébergées dans cinq centres répartis sur le département.
 

Dans un décor apocalyptique avec des arbres tombés sur des routes, des pans de colline effondrés, la Côte d'Azur, qui comptait encore dans l'après-midi de dimanche 21.000 foyers sans électricité, s'est retrouvée quasiment coupée du monde. Aucun train ne circulait entre Toulon et Nice. «La SNCF vérifie ses infrastructures», indique le numéro deux du groupement de gendarmerie du département, Pascal Péglion, à pied d'œuvre toute la nuit avec ses équipes. Côté route, la circulation a été en partie rétablie sur l'A 8 sur une voie seulement dans chaque sens de circulation.
 

«Il y a eu des erreurs commises il y a 50 ans quand l'État délivrait les permis de construire»
 

Eric Ciotti, président du conseil départemental des Alpes-Maritimes
 

Mais l'estimation de ces lourds dégâts matériels a à peine démarré que les questions se bousculent. Dans ce département particulièrement urbanisé, ce drame pouvait-il être évité? «Il y a eu des erreurs commises il y a 50 ans quand l'État d'ailleurs délivrait les permis de construire», relève Éric Ciotti qui doit, comme les autres responsables, «faire avec» cet héritage. Or pour le responsable des Alpes-Maritimes, tout est mis en œuvre pour sécuriser les habitants. Seulement le plan de bataille se déroule progressivement. Ainsi, dit-il, à Mandelieu, le plan d'actions de prévention des inondations (PAPI) a bien été monté mais les travaux doivent se réaliser. À Biot encore, un premier bassin de rétention a été construit pour prévenir les débordements de la Brague. «Mais cela n'a pas suffi», confesse Éric Ciotti en poursuivant: «Il faut admettre une forme d'impuissance face au déchaînement de la nature.»
 

Toutefois, il faut aussi, dit-il, accélérer les procédures. «Des travaux sont différés pour des raisons écologiques. L'une de nos digues a pris un an de retard en raison de la présence d'une plante rare sur le chantier. Quand il s'agit de protéger les hommes, il faut pouvoir s'abstraire des procédures habituelles», explique-t-il. Il déposera d'ailleurs prochainement une proposition de loi dans ce sens. Pour Christian Estrosi, le maire (Les Républicains) de Nice, où 130 millions d'euros ont été investis dans la réalisation d'un plan de prévention des risques, il faut que l'État mette la main au portefeuille. «Ces lourdes réalisations sont principalement à la charge des collectivités locales», fait-il observer. Pour l'heure, l'état de «catastrophe naturelle» sera décrété mercredi en Conseil des ministres.
 

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