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Ce vendredi 4 mars correspond à la Journée mondiale de lutte contre l’obésité. Un fléau qui ne cesse de faire de plus en plus de victimes. En effet, 800 millions d’adultes dans le monde souffraient d’obésité en 2021. Quant au nombre d’enfants et d’adolescents touchés par cette pathologie, il a été multiplié par dix au cours des quarante dernières années.
Et la Tunisie n’est pas en reste… Le pays est sur une courbe inexorablement ascendante en termes du nombre de personnes touchées par cette maladie. Pour en savoir plus, nous nous sommes adressés à des professionnels du secteur. Enquête.
Quelques chiffres
Contrairement à l’imaginaire collectif, l’obésité n’est pas un état de fait mais bien une maladie. Elle a été reconnue comme telle par l’Organisation mondiale de la santé en 1997 et comme une pandémie depuis 2016. En effet, de plus en plus d’adultes mais aussi d’enfants en sont atteints et ses conséquences sont dévastatrices du fait des autres maladies qui en découlent.
D’après la dernière enquête établie à ce sujet en 2016 par l’Institut national de santé publique en partenariat avec l’OMS, le taux de prévalence chez les tunisiens a été établi 26,2%. Parmi les 15 à 18 ans, ce dernier est de 10,2% et chez les 30 a 64 ans à 32,7%. Ainsi un adulte sur trois en Tunisie est obèse.
L’obésité se calcule à partir de ce qu’on appelle l’IMC (indice de masse corporelle). Quand celui ci est supérieur ou égal à 30 on parle d’obésité. De 30 à 34,9 on parle d’obésité modérée. A partir de 35 jusqu’à 39 on parle d’obésité sévère et enfin au delà de 40, il s’agit de l’obésité morbide. A noter que l’obésité diminue considérablement l’espérance de vie.
Il existe deux types d’obésité. D’abord l’obésité gynoïde qui est diagnostiquée lorsque l’excès de graisse se situe principalement au niveau des cuisses. C’est également ce qu’on appelle les « culottes de cheval » et cela touche tout particulièrement les femmes.
L’obésité androïde est diagnostiquée lorsque l’excès de graisse se situe principalement au niveau du ventre. On l’appelle également obésité abdominale.
Les principales causes
La définition scientifique de l’obésité est la suivante. « L’obésité correspond à un excès de masse grasse et à une modification du tissu adipeux, entraînant des inconvénients pour la santé et pouvant réduire l’espérance de vie ».
Afin de connaître les principales causes de cette maladie, nous nous sommes entretenus avec Dr Henda Jamoussi, Chef de service des maladies de la nutrition à l’Institut national Zouhair Kallel de nutrition et de technologie alimentaire, responsable de l’unité d’obésité et également Présidente de l’association tunisienne des sciences de la nutrition.
Selon elle, la première cause est la résultante du mode de vie des Tunisiens. « Il y a un déséquilibre de la balance énergétique. Cela veut dire que l’on consomme des aliments hyper-énergétiques et on dépense peu. Ainsi, les apports caloriques dépassent les dépenses énergétiques de l’organisme », nous dit-elle. « L’alimentation des Tunisiens est beaucoup trop grasse, que ce soit les repas fait-maison ou bien les fast-food qui sont une des causes principales de l’obésité. Nous consommons beaucoup trop d’aliments sucrés, de produits industriels, d’aliments extra-transformés et il y également un manque flagrant de consommation de légumes », ajoute Dr Jamoussi.
Outre l’alimentation, la sédentarité, c’est à dire le manque d’activité physique, est vecteur d’obésité.
Nous nous sommes également adressés à Mme Wiem Attia, nutritionniste à Hammamet. Elle explique que les Tunisiens n’ont pas de culture de bonne hygiène alimentaire. « Les ABC de la nutrition ne sont pas respectés notamment en termes de timing: il y a une heure pour boire les liquides, pour manger les fruits, les sucres, etc. Nous avons été élevés dans une mentalité qui consiste à penser que quand on a faim on mange ».
Enfin, il y aussi un problème au niveau des croyances collectives. Au temps de nos parents et de nos grands-parents, une personne ronde, ou bien portante, comme on les appelle souvent, était synonyme de bonne santé, voire même de beauté pour les femmes. En réalité, il s’agit d’un danger, parfois silencieux.
L’obésité pourvoyeuse d’autres maladies…les femmes plus à risque
L’obésité engendre de nombreux symptômes qui doivent alerter. Ainsi, les personnes souffrantes de cette maladie développeront des douleurs articulaires, du diabète, de l’hypertension, une hyperuricémie (maladie de la goutte), des problèmes respiratoires (apnée du sommeil, ronflements nocturne, somnolence diurne…), et des complications cardio-vasculaires. Autres symptômes très répandus, la formation de graisse autour du foie.
Il y a également des complications psychologiques qui découlent de l’obésité avec des retentissements psychosociaux : difficultés d’embauche, sous-estime de soi, perte de confiance, moqueries, stigmatisations.
« En règle générale, la prévalence de l’obésité est plus importante chez les femmes », nous indique Mme Jamoussi. A cet égard, cette dernière nous explique qu’en Tunisie une femme sur trois est obèse. « La prévalence féminine se situe aux alentour de 34,6 et chez les hommes elle est de 17,6% », précise-t-elle.
Cela est du aux différentes périodes et situation physiologique que traverse la femme tout au long de sa vie : puberté avec l’apparition des règles, grossesse, allaitement, ménopause.
« Dans la tradition, on demande aux femmes allaitantes de manger des aliments hyper-énergétique pour favoriser la montée de lait alors que c’est une fausse croyance qui favorise la prise de poids. Il faut au contraire boire beaucoup d’eau, de jus et de produits liquides en général », indique la spécialiste en nutrition.
Traitement
Le traitement de l’obésité doit se faire de manière multidisciplinaire. « La patient doit d’abord voir un médecin spécialiste qui l’oriente vers un nutritionniste qui va faire de l’éducation nutritionnelle à travers un régime qui lui est spécifique », nous dit Henda Jamoussi. En effet, cette dernière met en garde contre les régimes que l’on peut trouver sur internet et qui dans la plupart des cas sont d’abord dangereux pour la santé et inefficaces car ils favorisent « l’effet yoyo » (perte rapide et reprise rapide et incontrôlée).
Le patient doit également faire en parallèle un accompagnement psychologique, et au besoin psychiatrique.
Enfin le dernier volet thérapeutique doit passer par l’activité physique par le sport.
« Changer ses habitudes alimentaires est très difficile… c’est avant tout une question de volonté, d’où l’importance du suivi thérapeutique. Ceux qui suivent toutes ces étapes ont plus de chances de réussite ».
Chirurgie
En cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle, c’est à dire que les objectifs pondéreux n’ont pas été atteints, une ultime solution reste possible, celle de la chirurgie bariatrique. Elle consiste à modifier la structure anatomique de l’estomac et de l’intestin avec pour conséquences de modifier les hormones de régulation de l’appétit et du stockage énergétique, réduisant la prise des aliments, et parfois leur absorption, diminuant l’apport calorique journalier.
La plus répandu est la sleeve gastrectomie. Il s’agit d’une technique restrictive et irréversible qui consiste à retirer environ les 2/3 de l’estomac et notamment la partie contenant les cellules qui sécrètent la ghréline, l’hormone qui stimule l’appétit.
Journée de sensibilisation à Tunis
A l’occasion de la journée mondiale de l’obésité ce vendredi 4 mars, l’institut national de nutrition a décidé d’organiser une journée de sensibilisation autour de cette maladie. L’occasion pour nous de nous entretenir avec des personnes venues consulter.
En effet, ils étaient nombreux à s’être présentés à l’entrée de l’Institut afin de se faire dépister. La première étape est le calcul de l’IMC. Ainsi, les patients peuvent se peser et mesurer leur taille afin d’établir l’indice de masse corporelle qui déterminera leur stade d’obésité. Ensuite, ils sont invités à une relevé glycémique pour diagnostiquer un éventuel diabète et enfin la prise de la tension.
Une séance collective de sport est aussi prévue ainsi que plusieurs ateliers de sensibilisation.
Avec toutes ces données, des médecins spécialistes établissent un diagnostic final et un programme pour le traitement, si le patient accepte d’être suivi.
C’est le cas de Hedia, que nous avons rencontrée sur le chemin de l’Institut… Après avoir monté quelques marches, elle s’est retrouvée toute essoufflée alors qu’elle n’est âgée que de 38 ans. « J’ai entendu à la radio qu’il y avait cette journée. Comme je n’ai pas les moyens d’aller consulter directement, je n’ai pas hésité à venir aujourd’hui car c’est gratuit. Je sais que j’ai un problème de poids et cela me pose beaucoup de problèmes de santé. J’ai du diabète, je suis hypertendue et je m’essouffle au moindre effort… alors je m’inquiète », nous confie-t-elle.
De son côté, Sarah, 26 ans, n’a pas l’allure d’une personne obèse…pourtant, elle est venue consulter. « Je pense que j’ai seulement quelques kilos à perdre…mais mon principal objectif en venant ici c’est d’apprendre à me nourrir de manière équilibrée », dit-elle.
Cet événement accessible à tous et gratuit est une des nombreuses actions entreprises par l’institut national de nutrition et l’Association tunisienne des sciences de la nutrition afin de combattre ce fléau qui touche de plus en plus de Tunisiens.
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