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La Tunisie célèbre le mois du patrimoine du 18 avril au 18 mai, sous le thème cette année ''Les savoirs traditionnels''.
L’occasion pour l’Association la Manouba pour les Monuments et la Culture (AMMC), de lancer une campagne pour la restauration du mausolée Saida Manoubia, dans le gouvernorat de Manouba.
Une collecte de dons sera lancée à partir de demain, samedi 26 avril, en partenariat avec l’Institut National du Patrimoine (INP) pour redonner de l’éclat à ce lieu historique, ravagé par le feu en 2012.
"Un délit contre la culture"
La "zaouia" Saïda Manoubia avait été prise d’assaut et incendiée le mardi 16 octobre 2012 par des individus cagoulés, comme des dizaines d’autres lieux sacrés dans le reste du pays, parmi lesquels les mausolées de Sidi Ahmed Al Ghout (Douz), Sidi Ali Ben Salem (Gabès) et Sidi Bou Saïd (Tunis).
L’Union soufie de Tunisie avait recensé 35 saccages de sanctuaires en huit mois, et la mouvance salafiste avait fait figure de principal suspect.
"Il s’agit d’un délit contre la culture et la société toute entière", avait déclaré l’universitaire Abdel Hamid Larguèche, historien et professeur à l’Université de la Manouba, après que les flammes aient ravagé une partie du mausolée Saïda Manoubia. "Tous ceux qui veulent effacer le passé d’un peuple, détruisent en même temps son avenir."
Qui est Saïda Manoubia?
Née en 1180 à La Manouba et décédée en 1257, Saïda Manoubia (qui s'appelait Aïcha Manoubia), est une des saintes soufies les plus vénérées de Tunisie.
L’Histoire raconte qu’elle se serait révoltée contre l’autorité patriarcale en refusant un mariage forcé, préférant se consacrer à la science, à la méditation et à l’action en faveur des droits de la femme.
Elle serait même allée jusqu’à prier à la mosquée Zitouna de Tunis en compagnie des hommes, "fait révolutionnaire dans l'histoire du monde musulman".
Après avoir été formée par Sidi Belhassen Al Chadhly, ce dernier la nomma à la tête de son ordre soufi, la Chadhiliyya.
A sa mort, elle fut inhumée sur l'une des collines de Tunis où elle avait l'habitude de se retirer pour prier. Deux "zaouïas" lui sont dédiées: l'une autour de sa maison natale à La Manouba et l'autre à Tunis.
Aujourd’hui, la société civile lance donc un appel pour redonner vie à ce lieu à la fois historique, culturel et religieux, au nom du riche patrimoine tunisien.
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