Invitée sur le plateau de Zitouna TV, la chaine télévisée connue pour son allégeance au gouvernement provisoire et au parti Ennahdha, la députée nahdhaouie analyse, avec son style inimitable, les circonstances du drame d'hier, lorsque 6 agents de la garde nationale se sont fait tuer, dans une embuscade tendue par un groupe de terroristes, à Ounaissia, délégation de Sidi Ali Bou Aoun, gouvernorat de Sidi Bouzid (centre).

Maherzia Labidi explique que la manifestation du mercredi a été un fiasco total, et se pose une question qui lui semble essentielle: «Pourquoi est-ce au moment précis où les manifestants de l'opposition sont arrivés à la Kasbah, et que l'on s'est rendu compte de leur faible nombre que les agents de la garde nationale ont été tués?».

Quelqu'un a-t-il saisi le lien entre les deux faits?

Persuadée que des forces intérieures et extérieures veulent voler la révolution tunisienne et priver les Tunisiens de la joie d'en savourer les fruits, Mme Labidi a ajouté: «Le 25 juillet, ils avaient fait la même chose et ça continue», laissant ainsi entendre que le meurtre du député de l'opposition Mohamed Brahmi a été commandité par des forces... hostiles à Ennahdha. Traduire: le partis de l'opposition.

La démonstration de Mme Labidi n'est pas seulement ridicule et débile, elle dénote aussi une mauvaise foi qui fait honte de la part d'une dame censée faire ses cinq prières quotidiennes et qui fait de la religion son fonds de commerce, son foulard sur la tête faisant foi.

Chercher, en effet, à faire accréditer la thèse que l'opposition tunisienne (constituée, comme on le sait, de sales laïcs vendus à l'Occident mécréant!) utilise les salafistes jihadistes d'Abou Iyadh contre le parti islamiste Ennahdha, c'est essayer de faire entrer un éléphant par le trou d'une aiguille.

Hamma Hammami ou Béji Caïd Essebsi auraient-ils des relations secrètes, dont Mme Labidi aurait eu vent, avec Al-Khatib Al-Idrissi, Kamel Kadgadhi ou autres chefs jihadistes? Le procureur de la république devrait la convoquer pour l'auditionner comme témoin dans l'enquête sur la tuerie du village de Ounaissia, attribué à des jihadistes d'Ansar Charia. Et si Taieb Laaguili était lui aussi dans le coup, sait-on jamais?

Et dire que cette femme, avec le quotient intellectuel qu'on lui connait, est vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante (ANC), chargée de veiller à la rédaction d'une nouvelle constitution pour les futures générations tunisiennes! C'est à se flinguer deux fois...