France-Allemagne en questions

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Vendredi soir, les Bleus ont quitté la Coupe du monde, éliminés en quart de finale par l'Allemagne (1-0). Sans avoir été outrageusement dominés, les Tricolores ont donc raté la marche, et gardent en bouche un goût amer de frustration et de déception. Retours sur les explications de l'échec.

Quels ont été les choix tactiques des deux côtés ?
 

On annonçait une bataille tactique entre Didier Deschamps et Joachim Löw, elle a eu lieu. Côté français, «DD» avait reconduit le onze qui avait démarré la Coupe du monde face au Honduras avec le choix de Griezmann plutôt que de Giroud en attaque pour "mettre de la vitesse et de la vivacité" face à une défense allemande qu'on annonçait assez lourde, mais également parce que le sélectionneur s'attendait à voir Lahm évoluer en latéral droit et donc à monter souvent. Or Griezmann, à gauche, apporte plus de garanties défensives que Benzema. Côté allemand, Joachim Löw avait donc replacé Lahm à son «vrai» poste, celui de latéral droit, car il voulait que son équipe, confrontée à un milieu de terrain agressif, joue davantage sur les côtés, ce qui est bien évidemment plus le style d'un Lahm que d'un Boateng. En défense centrale, Hummels avait été préféré à Mertseacker, plus lent, là encore pour des raisons tactiques: "J'avais vu que des joueurs comme Valbuena et Griezmann revenaient chercher le ballon et repartaient rapidement vers l'avant, j'ai pensé que Jérome et Mats étaient plus qualités pour faire face à ça." Et devant, le choix de Klose dans l'axe s'est justifié par la nécessité de monopoliser au marquage les deux axiaux français, Varane et Sakho. Résultat des courses ? Avantage Löw: l'Allemagne a gagné et Hummels, désigné homme du match, lui a offert la qualification.
 

Quelle était l'ambiance au Maracana ?
 

Moins supportrice que lors du match des Bleus face à l'Equateur le 25 juin dernier au même endroit. D'abord parce que les supporters français étaient moins nombreux et plus disséminés que les Allemands, ce qui ne les a pas empêchés de se faire entendre dans des proportions à peu près identiques, mais surtout parce qu'une bonne majorité du public était neutre, les billets pour les quarts de finale ayant été écoulés depuis longtemps. Et c'est finalement quand le stade s'est emballé pour le Brésil, dont le match était prévu quatre heures après le coup d'envoi de France-Allemagne, qu'il a le plus fait de bruit.
 

Comment a été l'arbitrage ?
 

On va dire que pour une fois, il n'a pas été favorable aux Bleus qui, jusqu'ici, avaient bénéficié d'une relative mansuétude de la part du corps arbitral. Sur le coup franc amenant le but allemand, M. Pitana a ainsi été sévère, la faute de Pogba, qui a le tort de tendre le bras, sur Kroos semblant plus virtuelle que réelle. Mais la décision la plus défavorable aux Bleus est indiscutablement ce croc en jambe, alors que la mi-temps venait tout juste de reprendre, de Schweinsteiger sur Griezmann dans la surface qui aurait pu valoir un penalty, le joueur français ayant le «tort» de ne pas en rajouter suffisamment, comme le font si bien un Müller ou un Klose. Ca s'appelle l'expérience. Pour le reste, l'arbitre argentin a été plutôt cohérent dans ses décisions, sanctionnant logiquement de cartons jaunes, les seuls du match, Khedira et Schweinsteiger pour des fautes sur Griezmann. Mais aucun des deux n'étant sous la menace d'une suspension en cas d'avertissement, ils seront disponibles pour la demi-finale.
 

La France avait-elle déjà perdu en quarts de finale d'une Coupe du monde ?
 

Non, c'est une première. A chaque fois que l'équipe de France est sortie de la phase de poules, elle a toujours été au moins en demi-finales, ce qui a été le cas en 1958, 1982, 1986, 1998 et 2006. Ce cinquième quart de finale de Coupe du monde (il n'y en avait pas en 1982) lui a donc été fatal. De son côté, l'Allemagne jouait le quatorzième quart de finale de son histoire, avec à l'arrivée des statistiques impressionnantes, puisque la Mannschaft est passée onze fois pour trois éliminations, en 1962, 1994 et 1998. Mardi prochain face au Brésil, l'Allemagne disputera la treizième demi-finale de Coupe du monde de son histoire (lors des éditions 1974 et 1982 au cours desquelles elle a atteint la finale, il n'y avait pas de quarts de finale). Impressionnant...
 

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