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Touwensa (Agences). Mokhtar TRIKI
Elle est arrivée tardivement dans la compétition et a dû surmonter des problèmes cardiaques. Rencontre avec l'une des rares femmes pilotes automobiles françaises, qui sera l'ambassadrice du Pavillon des femmes, le premier espace dédié aux femmes et à l'automobile pendant les 24 Heures du Mans, qui se tiendront les 13 et 14 juin prochains.
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Inès n'a jamais joué à la poupée. Son père, Hugues Taittinger, l'emmenait faire du kart. Lui-même voulait être pilote automobile. Mais le devoir familial l’a rappelé et l’a envoyé travailler aux États-Unis. L’homme, qui n’a eu que des filles, a continué de vivre sa passion en la transmettant à Inès. Ensemble, ils regardent les courses à la télévision jusque tard le soir. « Il m’a fait faire tous les trucs de garçon : du circuit, du kart, des jeux de petites voitures. Ce sont des moments privilégiés que ma sœur, qui travaille aujourd’hui dans la communication et la mode, n’a jamais eus avec lui. » Pour ses 18 ans, un ami de son père, Philippe Alliot, lui a fait tâter la vraie piste. Un âge où les futurs pros ont déjà foulé plusieurs fois le bitume. « Je n’avais jamais pensé que cela pouvait être un sport de femmes. C’est comme un homme qui choisit de faire du ballet classique. » La belle a mordu. L’été qui a suivi, Inès et son père, comme deux gosses complices, se sont chacun acheté une voiture.
Les débuts n’ont pas été faciles. Inès est arrivée tard dans la partie. « C’est un petit milieu, les gens parlent. Si tu arrives sans niveau, tu es grillée. Surtout si tu es une fille. On va dire que tu fais ça pour t’amuser. Il y a six ans, je n’étais pas au niveau, j’ai eu droit à des remarques. » Il faut dire que l’ami Philippe l’a inscrite en championnat à tout juste 19 ans.
Sur la piste, elle monte désormais à 260 km/h au volant de sa Norma. En ligne droite comme dans les virages, la vitesse est de rigueur. On imagine d’autant plus mal qu’Inès a été opérée d’une malformation cardiaque à sa naissance, avant de devoir faire face à des problèmes pulmonaires et à une nouvelle opération à 14 ans. « J’ai passé beaucoup de temps dans les hôpitaux, j’ai été très absente de l’école. » Après son bac, elle ne sait pas quoi faire. Elle file en école de communication, sans grand enthousiasme. Les études n’ont jamais été sa tasse de thé. « À 19 ans, je consacrais tout mon temps au sport auto. La transition s’est faite naturellement. » Après lui avoir fait passer une batterie d’examens, son pneumologue et son cardiologue lui donnent leur feu vert pour rouler. « C’est comme la plomberie, m’a dit mon chirurgien. Une fois que c’est réparé, c’est réparé. » Inès n'oublie pas ce qu'on a fait pour elle et mène campagne sur son site pour l'association Mécénat chirurgie cardiaque.
Cette année, Inès sera aux 24h du Mans, en tant qu'ambassadrice du Pavillon des Femmes, dédié aux femmes et à l'automobile.
Depuis trois ans, elle est l’une des deux filles de l’écurie privée CD-Sport et participe aux championnats d’endurance V de V. Elle enchaîne les entraînements intensifs et les courses d’essai avec un coach à San Remo. Elle a adopté une hygiène de vie impeccable et ne fume pas. Car, évidemment, il ne suffit pas de s’asseoir dans sa voiture et de piloter. « C’est très violent pour le corps, au niveau du dos et des vertèbres. On ressent de la tension pure, des chocs et les jets de vitesse. » Parfois souffrir jusqu'à avoir envie de pleurer et à ne plus pouvoir bouger pendant vingt minutes après être sortie de sa voiture. « Il faut tenir, pour l’équipe. Si tu n’y arrives pas, il fallait faire plus de sport… J’ai vraiment appris que je pouvais me surpasser avec l’automobile. » En effet, les femmes pilotes doivent redoubler d’effort pour arriver au niveau des hommes dans l'un des rares sports mixtes. « Le travail qu’un homme va mettre trois mois à faire, une femme va le faire en six mois. » Qu’importe, elle file dans sa Mini vers la salle de musculation quatre jours par semaine, avec Akon dans les oreilles.
Être une fille : un avantage négligé par les sponsors
Inès ne vit pas de son métier. Mais, heureusement pour elle, la jeune femme de 25 ans a un nom. Celui d’une grande famille française qui produit des bulles connues dans le monde entier. Une famille dont elle porte l’emblème - une grappe de raisin dessinée par sa grand-mère - autour du cou, en guise de porte-bonheur. « Je me sens vide sans elle. » On la comprend. Des sponsors, elle en compte deux : le champagne Taittinger et la banque Pictet. Inès pourrait participer aux compétitions de ses rêves. Mais n’a pas les 400.000 euros nécessaires. « J’ai un niveau plus que suffisant pour aller aux 24 Heures du Mans, je suis approchée par des écuries auxquelles je dois dire non car je ne trouve pas de sponsors. » La jeune fille est dépitée par un tel manque d'intérêt. « Les sponsors vous choisissent pour vendre leur image aux médias. Les 24 Heures du Mans sont l’événement sportif le plus vu au monde après les Jeux olympiques. Je peux faire parler de moi car je suis une fille et je serais l'une des rares participantes. Ils auraient des retombées immenses. Je serais plus médiatisée qu’un coureur masculin de la même marque. » Pourtant, son portable ne sonne pas.
À force d’attendre, elle pourrait bien, par dépit, se reconvertir pour gagner son indépendance financière. En devenant journaliste sportive par exemple. Elle connaît bien l'univers de la télé. Sa mère, Elisabeth Tordjman, a officié comme speakerine, madame météo sur France 3 et animatrice de l’émission « Vies à Vies » sur D8. Quoi qu'il arrive, son « but est de rester dans le sport automobile le plus longtemps possible ».
« Cela fait six ans que je fais les mêmes championnats. J’ai besoin de changer de compétitions, de trouver des financements. J'ai besoin de quelque chose de nouveau », avoue-t-elle, un peu lassée. À défaut de pouvoir y laisser des traces de pneu, Inès Taittinger participera aux 24 Heures du Mans derrière la ligne de départ. Pour la première fois, la compétition a créé un espace dédié aux femmes et à l’automobile au cœur du village : le Pavillon des femmes. Inès en sera l'une des ambassadrices, se rapprochant un peu plus de sa cible.
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