Loeb : «Sur ce premier Dakar, j’espère être performant»

By www.touwensa.net janvier 02, 2016 1795

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Après avoir régné en maître sur le WRC et s’être essayé durant deux saisons au WTCC, Sébastien Loeb a rejoint Peugeot pour s’attaquer à un nouveau grand défi : le Dakar. Et soudain, tout le monde n’eut d’yeux que pour lui. Lors de la présentation officielle du Dakar 2016, l’arrivée de Sébastien Loeb dans l’auditorium du Pavillon Gabriel ne passa pas inaperçu. Pensez donc, un nonuple champion du monde de WRC qui, après deux années plus ou moins réussies en WTCC, s’apprête à découvrir l’univers du rallye-raid. Le défi est d’importance, surtout que l’Alsacien se sait attendu au volant de la Peugeot 2008 DKR, un début de collaboration qui a mis fin à celle, longue et fructueuse, avec Citroën. Néanmoins, cela ne l’empêchait de se montrer détendu au moment d’évoquer cette nouvelle aventure, en n’hésitant pas au passage à chambrer gentiment son copilote de toujours, Daniel Elena.

La joie de découvrir une aventure nouvelle. Malgré toutes mes diverses expériences passées, je n’ai jamais vécu une course comme le Dakar. Le fait de devoir improviser, de rouler à vue, de ne pas être perpétuellement à la chasse de la petite seconde ou même du petit dixième, de découvrir le terrain… Tout cela me fait très envie. Même si d’un autre côté, je pense que mon expérience de pilote de rallye devrait m’aider à aborder plus facilement cette découverte. Il faut juste que j’apprenne à conduire sans connaître la route au préalable, en me laissant la petite marge de sécurité nécessaire.
 

Déjà, parce qu’on me l’a proposé. L’an dernier, il y avait eu des petits contacts avec Peugeot mais le groupe revenait tout juste sur le Dakar et c’était sans doute un peu trop tôt. Là, ils m’ont clairement proposé de faire un essai grandeur nature et comme cela m’a plu, de fil en aiguille, on a décidé de s’associer sur ce projet. Mais cela ne s’est pas fait sur un coup de tête.
 

Oui, elle était là. Mais on ne peut pas tout faire en même temps non plus. A un moment donné, clairement, ce n’était pas ma priorité que de faire le Dakar même si je m’étais toujours dit que le côté aventure, que le fait de rouler dans de beaux paysages avec une voiture qui est faite pour ça, cela devait être fantastique à vivre. J’ai fait autant d’essais que j’ai pu, tout simplement. Le timing était vraiment court mais on a essayé d’exploiter toutes les possibilités qui nous étaient offertes avec Daniel (Ndlr : Elena) pour prendre un maximum d’expérience et progresser sur le plan de la navigation, mais aussi de la communication qui est très différente de celle que l’on a connue en WRC. Et même si cela ne nous suffira pas à nous mettre au niveau de tandems qui ont cinq ou dix Dakar derrière eux, globalement, cela s’est bien passé. Notre rythme me semblait correct.
 

L’endurance n’étant pas mon point fort à la base, cela faisait déjà un certain temps que je travaillais dessus. Le seul travail véritablement spécifique que nous avons fait concerne l’adaptation à l’altitude car il y aura trois-quatre jours d’étapes en haute altitude. Mais sinon, rien de différent.
 

C’est tellement différent en termes de conduite que l’on ne peut pas parler de transition. C’est juste deux univers opposés. Ce sera donc à moi de trouver à quel rythme je dois rouler, selon le terrain. Il y a certaines conditions qui seront forcément piégeuses, où mon déficit d’expérience pourrait me handicaper. Il faut avoir le regard qui porte loin, avec une bonne part d’interprétation, ce qui n’était pas le cas par exemple en WRC où lorsque mon copilote m’annonçait un virage, je savais exactement à quoi m’attendre. Là, il faut essayer de lire la piste. Le risque, pour un pilote qui vient du circuit ou de la WRC, c’est d’être toujours à la recherche de la petite seconde ou même du petit dixième de seconde alors que sur le Dakar, il faut parfois accepter de rouler un ton en-dessous. Sinon, tu finis par t’en mettre une. Cela, il va falloir que j’apprenne à le gérer.
 

Quand il faut essayer de se frayer un chemin dans la végétation, qu’il n’y a plus aucune trace de personne et qu’il faut faire du cap, c’est plus compliqué pour moi. En fait, ce qui m’énerve, c’est que j’ai toujours l’impression d’être là où il ne faut pas être. Comme sur le périphérique parisien par exemple, où je passe mon temps à changer de voie en me disant que cela va mieux avancer, avant de constater que c’était sur la voie où j’étais qui avance (rires). Cela me semble toujours mieux à côté, y compris dans les oueds. Alors qu’en fait, ce n’est pas le cas et qu’il faut juste que j’apprenne la patience. Ou dit autrement, quand on est dans la m…, il faut juste espérer qu’elle concerne tout le monde et pas seulement soi (sourire).    
 

 J’avais envisagé prendre un copilote expérimenté sur le rallye-raid à un moment donné. Et puis finalement, on s’est demandé pourquoi on n’essayait pas tout simplement de voir comment cela se passait tous les deux. Il se trouve que le test s’est très bien passé. Daniel a immédiatement compris ce que l’on attendait de lui. Il a montré une énorme motivation et un vrai potentiel. Evidemment, il n’a pas l’expérience d’autres copilotes. Mais si nous voulions construire quelque chose ensemble, cela devait se faire maintenant. On s’est donné une chance de poursuivre l’aventure.        
 

C’est sympa de reprendre notre collaboration. Depuis qu’on avait arrêté en WRC, je m’étais lancé sur le défi WTCC alors que lui était davantage dans un projet pétanque (rires). Cela le sort un peu de sa léthargie. Plus sérieusement, on a partagé tellement de bons moments ensemble, on se connait tellement bien et comme je le disais, il a une telle motivation que le choix me semble évident. Surtout en rallye-raid où c’est sans doute plus sympa de collaborer avec un pote pendant quinze jours qu’avec un inconnu. Je sais déjà qu’il va m’énerver parfois (sourire), mais on a l’habitude. J’espère que nous serons performants mais je pense aussi qu’à un moment donné, notre manque d’expérience va nous jouer un tour. Globalement, j’aimerai que nous soyons dans le rythme, en étant capable de nous battre avec les autres. Après, en ce qui concerne la victoire, je pense que même pour des pilotes du niveau de Peterhansel, un Dakar n’est jamais gagné d’avance.
 

En Argentine, on sait qu’il y a toujours un véritable engouement pour le sport automobile. Je l’ai vécu en rallye, puis en WTCC et je me réjouis de le vivre maintenant sur le Dakar. Ce sera sans doute très sympa de rouler dans des endroits où il y aura des fans partout. Et puis de découvrir des paysages nouveaux, souvent extraordinaires sur le plan visuel, cela me fait envie.
 

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