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La saison sur terre battue vient à peine de débuter qu'un constat s'impose: Rafael Nadal est bel et bien de retour. Après une année 2015 dans les ténèbres, l'Espagnol revient sous les feux des projecteurs sur sa surface de prédilection. Avec déjà deux titres au compteur sur terre battue cette saison, l'Ogre de l'ocre retrouve son lustre d'antan. Au point de viser un dixième titre à Roland-Garros? La route est encore longue mais ce n'est plus une folle utopie.
Souvenez-vous, c'était il y a moins de quatre mois, le 19 janvier 2016. A la surprise générale, Rafael Nadal était éliminé dès son entrée en lice à l'Open d'Australie, battu par son compatriote Fernando Verdasco en un peu moins de cinq heures. L'onde de choc était immense sur la planète tennis, certains affirmant même que le Majorquin était désormais définitivement fini pour le tennis. Pourtant, l'histoire récente prouve qu'il faut toujours se méfier du déclin annoncé d'un champion. En 2013, Roger Federer a vécu une véritable traversée du désert (même si elle constituerait une saison extraordinaire pour un joueur français). A entendre nombre d'observateurs, le Suisse était fini pour la petite balle jaune. La suite, on la connaît... Le "papy" de 34 ans est toujours là et pointe à une "minable" troisième place au classement ATP. Dans ces conditions, pourquoi tenter le diable en enterrant Rafael Nadal dès qu'il réalise une saison en-dessous de ses standards habituels?
L'électrochoc new-yorkais
Une fois n'est pas coutume, le problème de ces derniers mois chez le natif de Manacor n'était pas d'ordre physique, malgré la multitude de blessures qui ont contrarié sa carrière, mais bien mental. L'Espagnol est un homme qui a un besoin vital de confiance pour développer son jeu et gravir les sommets. C'est vrai pour tout joueur de tennis mais peut-être encore plus pour lui. Lorsqu'il est en confiance, Rafael Nadal est un "tueur", indéboulonnable, puissant, écœurant. Hors depuis sa victoire à Roland-Garros en 2014, il avait totalement disparu de la circulation. Lors du dernier US Open, le Majorquin a même vécu un petit drame personnel. Alors qu'il menait deux manches à rien contre Fabio Fognini au troisième tour, le nonuple vainqueur de Roland-Garros avait fini par céder en cinq sets au bout de la nuit new-yorkaise face à la folie du fantasque Italien. Un véritable cataclysme. Jamais l'Espagnol n'avait perdu un match en Grand Chelem après avoir remporté les deux premiers sets. Le moral dans les chaussettes, il était temps de quitter New York.
Rafael Nadal aurait très bien pu tirer un trait sur sa fin de saison mais c'est mal connaître le garçon... Le Majorquin s'est remis au travail sous l'œil de Toni, son oncle et entraîneur de toujours, avec encore plus d'intensité et de détermination. A l'occasion de son retour à la compétition pour la tournée asiatique, la rage de l'Ibère n'a pas tardé à payer. Finale à Pékin, demie à Shanghai, finale à Bâle, quart à Bercy et demie au Masters, l'exercice 2015 de Rafael Nadal s'est achevé sur une note positive. L'Espagnol n'était alors qu'au tout début de sa reconstruction.
Une confiance aux airs de montagnes russes
Sa finale à Doha pour son premier tournoi cette année semblait confirmer cette embellie. Cependant, la sérénité du Majorquin, durement impactée par ses doutes et ses défaites prématurées à répétition en 2015, n'était pas encore totalement revenue et cela s'est vu à l'Open d'Australie, où il a pris la porte dès le premier tour, ou encore lors de sa tournée sud-américaine sur terre battue, en février, au cours de laquelle il n'est pas parvenu à remporter le moindre titre face à des adversaires habituellement largement à sa portée. Mais qu'importe, Rafael Nadal poursuivait sa reconstruction.
La confiance se perd rapidement mais elle est longue à récupérer. La sienne avait l'allure des montagnes russes. La tournée américaine à Indian Wells et Miami illustre parfaitement cette irrégularité. Finale en Californie, battu d'entrée en Floride. Dans le jeu, ça se sentait que l'Ibère retrouvait ses repères et ses sensations sur le court. Quelques fulgurances montraient qu'il possédait toujours ses armes destructrices, à l'image de son coup droit supersonique qui a causé bien des misères au revers de Roger Federer tout au long de sa carrière. Toutefois, il manquait encore ce supplément d'âme, ce fameux instinct de tueur qui caractérise l'Espagnol. Pour confirmer son retour au premier plan, quoi de mieux que d'entamer la saison sur terre battue, la surface sur laquelle il a tant brillé, à Monte-Carlo ? Entre 2005 et 2012, il s'y est imposé à huit reprises. Autant dire que le Rocher est son terrain de jeu favori et le cadre idéal pour frapper un grand coup.
Le déclic monégasque
Pour le coup d'envoi de la saison européenne sur terre battue, Rafael Nadal ne s'est pas manqué à Monaco. Un jeu plus agressif, davantage tourné vers l'avant, un coup droit à nouveau décisif, l'Espagnol a montré un visage bien différent de celui qu'il avait présenté l'an passé. Cette attitude conquérante s'est confirmée dans les résultats avec des victoires convaincantes contre Dominic Thiem et Stan Wawrinka, le tenant du titre à Roland-Garros. Sa demi-finale face à Andy Murray aurait pu rapidement tourné au fiasco, tant l'Ecossais lui a infligé une leçon tactique imparable dans le premier set. Dos au mur, c'est là que le Majorquin s'est révélé pour démontrer toute l'étendue du chemin parcouru. Pendant des mois, Rafael Nadal semblait totalement perdu sur le court quand il perdait un point. Il regardait sans cesse son clan pour chercher du soutien et surtout une explication à ses déboires. "Pourquoi je n'y arrive plus? Qu'est-ce qui se passe?" Aujourd'hui, le guerrier est de retour. Il se remobilise immédiatement. Contre Andy Murray, il s'est révolté de manière spectaculaire. Dans les deux derniers sets de la rencontre, il s'est remis dans le bon sens pour aller chercher une dixième finale sur le Rocher.
Face à Gaël Monfils, finaliste surprise, le Majorquin a été contraint de livrer un âpre combat. Les deux hommes ont d'ailleurs offert deux premiers sets d'anthologie au public monégasque. Sévèrement bousculé par le Français, Rafael Nadal n'a jamais paru affaibli mentalement et physiquement, même lors de la perte du deuxième set. Au contraire, l'Ibère a mis un coup d'accélérateur terrible dès l'entame de la manche décisive. Gaël Monfils ne s'en est jamais relevé. A l'arrivée, le maître des lieux a infligé une bulle au Tricolore dans le dernier acte pour s'offrir un neuvième titre à Monte-Carlo, le premier depuis 2012. Rafael Nadal n'avait plus remporté un titre majeur depuis près de deux ans et sa huitième couronne à Roland-Garros.
Un homme tout 9
Sur la lancée de sa victoire au Masters 1 000 de Monte-Carlo, le Majorquin a récidivé la semaine suivante en s'imposant à Barcelone. Comme sur le Rocher et à Roland-Garros, il a décroché son neuvième titre en Catalogne. Personne n'a jamais réalisé un tel exploit dans l'histoire du tennis. Cerise sur le gâteau, il a égalé le record de Guillermo Vilas à Barcelone en remportant un 49ème titre sur terre battue. Certes, tout n'est pas encore parfait. Loin de là. L'Espagnol dilapide encore trop souvent l'avance qu'il peut avoir au score, comme cela a été le cas à Monte-Carlo contre Gaël Monfils ou à Barcelone face à Kei Nishikori.
Il y a encore de l'inconstance mais Rafael Nadal redevient doucement mais sûrement le monstre qu'il a été sur la surface ocre. En deux semaines, Rafael Nadal a gagné deux titres, pris 1 500 points au classement et battu trois Top 10 (Stan Wawrinka, Andy Murray et Kei Nishikori). Petit bémol, il lui reste encore un défi de taille à relever : battre Novak Djokovic, le No. 1 mondial. Malgré le faux-pas du Serbe à Monte-Carlo, éliminé d'entrée par Jiri Vesely, il apparaît toujours comme l'immense favori pour la victoire finale à Paris. En attendant, les Masters 1 000 de Madrid et Rome s'annoncent particulièrement excitants. Rafael Nadal est de retour et c'est une excellente nouvelle pour le tennis. Il sera un gros client à Roland-Garros où il partira à la conquête de la "Decima", comme le Real Madrid, son club de cœur, l'a fait il y a deux ans. Parviendra-t-il à réussir sa mission? Réponse le 5 juin prochain.
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