Michael Jackson, un album inédit en demi-teinte

Touwensa(Agences). Mokhtar TRIKI

Dans les jours qui ont suivi la mort de Michael Jackson, le 25 juin 2009, Sony Music avait signé un accord promettant dix lignes de produits consacrés à l'artiste dans les années à venir. Après This is It, bande originale du film des répétitions avortées du show qui devait marquer son retour sur scène, le décevant Michael l'année suivante et l'édition marquant le 25e anniversaire de la parution de Bad en 2012, Xscape est le nouveau produit diffusé par la maison de disques historique du «roi de la pop».

Après l'Angleterre, qui a bénéficié d'une écoute en avant-première du disque, et avant les États-Unis, la presse française était conviée ce mercredi à découvrir les huit titres de cette nouvelle référence. L'album, qui paraîtra le 13 mai prochain, a été confiée à une équipe de réalisateurs artistiques placés sous la houlette de L.A. Reid, producteur exécutif et président du label Epic, qui commercialise les albums de Jackson depuis Off the Wall, en 1979.
 
 
Des chutes de studio assemblées

 

C'est à partir de chutes de studio que les morceaux, dont les titres n'ont pas encore été dévoilés, ont été assemblés par plusieurs sorciers du son, notamment Trimbalant. À grands renforts de cordes, rythmiques et autres gimmicks sonores, l'équipe en charge du projet s'est attachée à moderniser le son de bandes dont la provenance n'est pas précisée. Certaines parties de batterie semblent tout droit sorties des années 1980, gonflées artificiellement par de lourds beats dance, avec des réussites diverses.
 

Si l'album Michael était un naufrage total, quelques morceaux de Xscape surnagent. Ainsi, une chanson démarrant par une syncope rythmique inspirée du Higher Ground de Stevie Wonder et qui s'achève avec une mélodie de voix tirée du tube country-rock A Horse With No Name (America, 1972) tire son épingle du jeu, malgré des références évidentes. Sur la majorité des autres pièces, le rafistolage effectué post-mortem donne une sonorité pasteurisée à la musique. Les cordes, omniprésentes, évoquent la bande originale d'une superproduction hollywoodienne pompière, et semblent plaquées artificiellement sur des titres inachevés.
 

Question de la pertinence de l'exploitation d'archives
 

Parfois, un clavier latin-jazz donne une touche d'exotisme. Certains titres rappellent les ambiances de Bad. La production surchargée déforme l'intention originelle de Jackson, dont la présence vocale est parfois écrasée. Sur le plan des textes, plusieurs chansons évoquent les enfants, comme l'embarrassant refrain «Do you know Where your Children are» (savez-vous où sont vos enfants?). Gênant, lorsqu'on se souvient des démêlées que Michael Jackson a eu avec la justice sur ce sujet.
 

Xscape n'apportera rien au mythe d'un artiste qui est entré dans la postérité de son vivant. Certains passages raviront les plus passionnés de ses fans, quand d'autres soulèveront la question de la pertinence de l'exploitation forcenée d'archives que l'homme n'aurait certainement jamais voulu voir sortir.
 

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