La Planète des singes : la grande odyssée des effets spéciaux

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Comment transformer un homme en singe hyper-évolué le temps d'un tournage? C'est la question épineuse à laquelle ont dû répondre les quatre réalisateurs successifs qui se sont attaqués à La Planète des singes, monument de la science-fiction écrit par Pierre Boulle en 1963. Une question à laquelle ils ont tous trois apporté une réponse différente.

Le premier à adapter sur grand écran l'histoire de ce petit groupe d'explorateurs qui découvre sur une autre planète une race de singe intelligente est Franklin J. Schaffner en 1968. À l'époque, les effets spéciaux étant balbutiants, les acteurs ne deviennent singes qu'au prix de trois à six heures par jour passées sous les pinceaux d'une équipe de 80 maquilleurs. Un attirail lourd qu'ils sont obligés de garder toute la journée, y compris pendant leurs pauses. Ils doivent également rester dans des caravanes réfrigérées entre les prises pour ne pas abîmer leurs prothèses. Le sacrifice en vaut la chandelle: pour l'époque, le résultat est époustouflant de réalisme. Et pour cause: avant le tournage, le chef-maquilleur John Chambers passe tout son temps libre au zoo de Los-Angeles pour étudier l'expression des singes. La prouesse de son équipe sera récompensée par un Oscar d'honneur la même année.
 

Quand Tim Burton pose son regard sur le mythe en 2001, la Fox souhaite que la technologie des images de synthèse, déjà bien avancée, soit utilisée. Le réalisateur s'y oppose, insistant pour que les singes ne soient imités qu'au moyen de maquillage et de prothèses. Pour réaliser ceux-ci, il désigne dans un premier temps le spécialiste doublement oscarisé des animatroniques et effets spéciaux, Stan Winston (The Thing, Terminator). Mais très vite, ce dernier quitte le projet pour différends artistiques. Tim Burton se tourne alors vers un autre spécialiste, Rick Baker. Passionné de primates, il a déjà confectionné des costumes de singes pour Greystoke, la légende de Tarzan, Bigfoot et Gorilles dans la brume. La performance de l'équipe de maquilleurs est là aussi exceptionnelle. Derrière le maquillage, les acteurs sont méconnaissables, les expressions des singes plus souples, plus réalistes que dans la version de 1968.
 

Les deux derniers volets réalisés par Rupert Wyatt et Matt Reeves, La planète des singes: les origines, en 2011 et La planète des singes: l'affrontement, dont la sortie est prévue en 2014, sont les deux films les plus aboutis en matière de réalisme des primates. Pour la première fois dans l‘adaptation de Ruppert Wyatt, les singes ne sont pas des acteurs en costume mais des créatures entièrement numériques. Pour assurer un rendu réaliste, la compagnie Weta Digital, créée par le réalisateur Peter Jackson, utilise la technologie de capture de mouvement (motion capture). La prestigieuse université Columbia aide à fournir des équations mathématiques précises, basées sur les lois physiques, pour imiter avec exactitude la fourrure des singes. C'est l'acteur-roi de la transformation physique Andy Serkis qui prête ses mouvements à César, Spartacus simiesque à l'origine de la révolte et septième personnage de synthèse de sa carrière.
 

L'oscar du meilleur acteur pour un personnage numérique


La Planète des singes: l'affrontement s'annonce encore plus spectaculaire. En trois ans, la technologie du motion capture a fait des pas de géants, de sorte que les moindres mouvements des acteurs sont retranscrits par leurs avatars. Tant et si bien que l'on parle déjà d'une nomination à l'Oscar du meilleur acteur pour le rôle de César. L'Oscar serait décerné non à Andy Serkis mais...à son personnage en motion capture.
 

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