Alcools d’Apollinaire : Cabaret cubiste

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

De grands traits de maquillage encadrant l’œil, une pierre lumineuse dans la bouche, les deux acteurs qui entrent dire et jouer les poèmes d’Apollinaire sortent de l’ombre, comme d’étranges personnages dessinés par le cubisme. Le décor qui s’éclaire est cubiste aussi, faits de panneaux triangulaires, de colonnes, d’objets incongrus. Quel Apollinaire va l’emporter ?

L’amoureux, le prophétique, le mélancolique, l’érotique ? Tous, bien sûr, dans un lent tournoiement des acteurs et des mots. On entendra Le Pont Mirabeau, La Chanson du mal-aimé, les Rhénanes avec même en jeu de miroir la Lorelei de Heine en allemand, Saltimbanques avec, en autre jeu de miroir, l’interprétation d’Yves Montand…
 

On reconnaît là le style du théâtre du Maquis qui, pour occuper l’espace, pratique le bricolage comme l’un des beaux-arts (si l’on se souvient, par exemple, de l’adaptation d’un roman d’Italo Calvino fait i y a quelques années) et manie un joyeuse insolence verbale et musicale. Mais, pour la poésie, il faut aussi trouver une diction du secret, un sens du chant qui ait à la fois sa clarté et son mystère. C’est ce que nous donnent Pierre Béziers, qui est un double du poète et une incarnation de ses personnages, et Florence Hautier, qui dessine les différentes femmes chères à Apollinaire – muses, beautés entraperçues, femmes vénales. Leur spectacle est un cabaret d’émotions fortes.
 

Alcools de Guillaume Apollinaire, conception de Pierre Béziers, co-mise en scène et musique de Martin Béziers, décors de Michel Vautier, costumes de Céline Privat, lumières de Jérémie Hutin et Aurélien Dhomont, avec Florence Hautier et Pierre Béziers.
 

Au coin de la lune, 20 h 40, tél. : 04 90 39 87 9, jusqu’au 27 juillet. (Durée : 1 h 15).
 

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