Moi, le mot de Matei Visniec.. Traversée du miroir langagier

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Matei Visniec, auteur roumain qui écrit désormais en français, ne cesse de nous étonner. Son théâtre à forte charge politique parcourt les différentes zones de l’absurde et affectionne de plus en plus les jeux de langage. Pour preuve, ce Moi, le mot le bien-nommé. Chaque scène part d’un mot et voyage autour de lui. Le mot prend forme ; cette forme est celle d’un des trois acteurs, Rebecca Forster, Eva Freitas, Aurélien Vacher, qui se métamorphosent selon le vocable. Il y les termes nobles, Grammaire, Poésie, et des substantifs moins convenables, Putain et quelques autres. Visniec est d’une malice confondante. C’est toute notre culture qui est prise au piège dans cette visite des sens cachés et cette traque de la vérité derrière les mensonges de la langue officielle. Tout cela est écrit sans grammaire, affirme-t-il.

Le spectacle de Denise Schröpfer opère cette traversée du miroir langagier avec peu de moyens, en jouant avec un décor largement en papier, des comédiens souples et malicieux, et un peu de musique. Cela commence comme un cabaret d’autrefois, dans le jeu de mots à la Boby Lapointe (on admire que Visniec possède notre langue comme un poète né au bord de la Seine), puis le climat devient inquiétant. Ces courtes histoires sont celles d’un monde qui a sa folie et son étrangeté. Chaque moment est un régal.
 

Moi, le mot de Matei Visniec, mise en scène de Denise Schröpfer, bandes son d’Arnaud Delannoy, lumières d’Alice Astegiani, scénographie de Camille Briffa et Laurie Cousseau, chorégraphie de Roberte Léger, avec Rebecca Forster, Eva Freitas, Aurélien Vacher.
 

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