Les scandales du prix Goncourt

Touwensa. Agences- La prestigieuse récompense littéraire n'a pas toujours été attribuée dans les règles de l'art. Refus, doublon, passé trouble du candidat, jury sur écoute, polémique politique se sont immiscés dans son histoire.

Ce mercredi 5 novembre, un nouveau prix Goncourt sera attribué. Avant de savoir qui de Kamel Daoud, Pauline Dreyfus, David Foenkinos ou Lydie Salvayre l'emportera, retour sur les scandales qui ont fait tache dans l'histoire de cette prestigieuse récompense littéraire.
 

• Romain Gary-Émile Ajar
 

Le Goncourt ne peut être attribué qu'une seule et unique fois à un auteur. Pourtant, l'auteur français Roman Kacew mieux connu sous le nom de Romain Gary, l'a en réalité obtenu à deux reprises. Une première fois en 1956, sous son pseudonyme courant de Romain Gary, pour Les Racines du ciel. Puis une seconde fois, sous le nom d'Émile Ajar, en 1975, pour La Vie devant soi. Un joli pied de nez à l'institution. Ce n'est qu'à la mort de l'écrivain, en 1980, que la supercherie a été révélée. Son petit cousin Paul Pavlowitch avait assuré pour lui le rôle d'Ajar auprès de la presse.
 

• Vintila Horia
 

Écrivain roumain d'expression française, Vintila Horia devait se voir remettre le prix Goncourt en 1960, pour son roman Dieu est né en exil. Il n'en a pourtant rien été. Si le prix lui a bien été attribué par le jury, celui-ci a finalement refusé de lui décerner, après avoir eu écho de son passé politique. Certains titres de la presse française comme L'Humanité et Les Lettres françaises avaient ainsi révélé, quatre jours après l'annonce du prix, que Vintila Horia était également l'auteur d'écrits fascistes et qu'il avait été membre, dans les années trente, de la Garde de fer, un mouvement nationaliste, antisémite et pronazi. Après que les jurés ont fait savoir au romancier qu'ils ne le recevraient pas, celui-ci a finalement décliné le prix, puis quitté la France.
 

• Julien Gracq
 

Certains se pâment pour l'avoir et d'autres le refusent sans vergogne. Quand, en 1951, le bruit court que Julien Gracq pourrait obtenir le prix Goncourt pour Le Rivage des Syrtes, celui-ci fait alors savoir qu'il refusera la récompense. Dans une lettre adressée au Figaro Littéraire, il s'affirme «non candidat», refus réitéré encore plus tard. Le jury lui accorde pourtant son grand prix. L'écrivain regrette alors publiquement que l'Académie n'ait pas tenu compte de son «attitude» et considère cette prise de position comme un abus de pouvoir. Premier écrivain à réagir ainsi face à l'obtention d'un prix, il a néanmoins ouvert la voie. En 1964, Jean-Paul Sartre refusa le prix Nobel de littérature.
 

• Louis-Ferdinand Céline
 

Chaque année, il y a évidemment toujours des déçus. Mais certaines éditions sont plus décriées que d'autres pour leur choix. Il est ainsi fréquemment reproché à l'Académie d'être passée à côté d'auteurs majeurs. Céline en fait partie, avec Voyage au bout de la nuit. Opposé à Guy Mazeline et son roman Les Loups, en 1962, il fut ainsi recalé en faveur du premier. Heureusement pour lui, l'écrivain s'est rattrapé sur le prix Renaudot, quelques jours plus tard et son ouvrage est devenu un grand succès critique et en librairie.
 

• Marie NDiaye
 

Il est des scandales autour de la récompense littéraire qui émane du monde politique. Lauréate du prix Goncourt en 2009 avec Trois Femmes puissantes, Marie NDiaye a été vivement critiquée par le député Eric Raoult (UMP). Celui-ci estimait scandaleux qu'une romancière obtienne le plus prestigieux prix littéraire français après avoir affirmé, quelques mois plus tôt, dans les colonnes des Inrockuptibles, qu'elle jugeait «monstrueuse» la France de Nicolas Sarkozy. Une polémique néanmoins vite retombée et qui n'a évidemment pas remis son prix en question.
 

• Alain Ayache
 

Les scandales du Goncourt n'ont pas uniquement des liens avec les romanciers. Certains journalistes y ont aussi mis leur grain de sel. Tel Alain Ayache, éditeur de presse français (Le Meilleur, Questions de femmes, Réponse à tout...) qui a débuté sa carrière en tant que journaliste. Il s'est ainsi fait connaître après s'être enfermé, à 16 ans, dans un placard à balais chez Drouant, où est décerné le prix, afin d'écouter les délibérations du jury. Une mascarade réitérée en 1983, alors qu'il était patron de l'hebdomadaire le Meilleur. Il publia cette fois l'intégralité des 90 minutes de délibérations enregistrées.
 

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